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L’affaire de La Rochelle est intéressante, car elle n’implique pas un énergumène obsessionnel, mais la jeunesse étudiante d’une université respectable. En avril dernier, un groupe d’étudiants y monte une pièce écrite par un auteur québécois et mise en scène par la directrice d’une scène locale. Elle s’intitule joliment "Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale", et promet d’y faire connaissance avec des "personnages authentiques, à la fois universels et révélateurs de notre monde d'aujourd'hui".
Parmi ces "personnages authentiques ", voici Marta Goldberg, un caractère immonde censé représenter la finance mondialisée, qui n’hésite pas à vendre ses propres enfants. Et voici ses deux compères, Cohen 1 et Cohen 2, juifs orthodoxes censés chasser le nazi, mais qui y renoncent bien volontiers en échange d’une liasse de billets.
Il se trouve que parmi les spectateurs il y a un enseignant en biochimie nommé précisément Goldberg.
Et il se trouve que ce Michel Goldberg, fils de juifs polonais dont l’un a été militant communiste toute sa vie et l’autre une survivante d’Auschwitz et une héroïne de la Résistance, trouve l’homonymie pour le moins problématique. Il s’en est plaint donc, d’abord auprès du Président de son université, puis dans la presse. L’affaire a pris un tour compliqué et acrimonieux, dont nous épargnerons les détails au lecteur.
Qu’il nous suffise de dire que les responsables de cette lamentable caricature à la Drumont ne voient vraiment pas où est le problème. Ou plutôt, ils le voient dans la réaction de l’enseignant, acculé à la défensive et isolé au sein de sa faculté. Comme nous l’a enseigné Dieudonné M’bala M’bala, la liberté de parole et la création artistique ne sauraient se heurter à quelque limite que ce fût.
À la droite extrême, on n’a pas de ces sensibleries. Dans un cortège qui a rassemblé quelque 17 000 manifestants – dix fois plus selon les organisateurs -, aux cris de "Hollande démission" se sont mêlées des choses aussi charmantes que "CRS, milice des Juifs", "Israël hors de l'Europe", ou encore "Juif casse-toi, la France n'est pas à toi"… Lire la suite.