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Le verdict était attendu. Son ampleur a tout de même surpris et interpelle les partenaires européens de la Hongrie qui dénoncent en vain une dérive autoritaire. La victoire a été acquise grâce à un système électoral sur mesure, qui favorise très largement le parti arrivé en tête, mais n'a pas obtenu une majorité absolue des suffrages. La mise sous tutelle d'une grande partie des médias et des institutions de l'Etat a fortement aidé. Il n'empêche. Prétendre que Viktor Orban a volé sa victoire, ou bien ne serait pas digne de diriger un pays européen équivaudrait à passer à côté d'un symptôme qui révèle le profond malaise dans lequel se trouve l'Europe.
Depuis son arrivé au pouvoir en 2010, en pleine crise économique, Viktor Orban a pris à rebours la politique prônée par l'Union européenne, menant « une campagne de redressement destinée à revaloriser le rôle de l'Etat qui, selon lui, doit reprendre le contrôle de l'économie sur les banquiers et le marché », écrit Corinne Deloy dans une présentation des élections pour la Fondation Robert Schuman. Malgré la méfiance des investisseurs étrangers, la Hongrie est sortie de la récession l'an dernier et ses exportations, notamment dans l'industrie automobile, sont reparties à la hausse. Viktor Orban a concentré entre ses mains tous les leviers du pouvoir. Il dispose désormais d'un nouveau mandat de quatre ans pour poursuivre sa campagne contre les dérives du libéralisme et installer sa politique dirigiste. Manifestement, sa défense des « valeurs traditionnelles », avec l'introduction dans la Constitution de 2011 d'une référence religieuse, et sa résistance farouche à l'égard des ingérences extérieures, des institutions européennes notamment, continuent de séduire ses partisans.
La victoire de Fidesz s'accompagne d'un phénomène plus inquiétant : la percée du parti d'extrême droite Jobbik, jugé ouvertement antisémite et anti-roms, qui a obtenu plus de 20% des suffrages en essayant de recentrer son image. Ce parti veut le rétablissement de la Grande Hongrie dans ses frontières d'avant le Traité de Trianon de 1920, par lequel le pays a perdu les deux tiers de son territoire et dont le jour anniversaire, le 4 juin, a été institué par Viktor Orban jour de l'unité nationale… Lire la suite.