Tribune
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Publié le 6 Juillet 2015

La nouvelle stratégie palestinienne contre l’Etat juif

« Nous mettons en garde contre la reprise des négociations pour améliorer la situation »
 

Par Jonathan D. Halevi, publié sur le Cape de Jérusalem le 2 juillet 2015
Saeb Erekat, le Chef de la Délégation palestinienne dans les pourparlers de paix avec Israël, vient de rédiger une série de recommandations pour la direction de l’OLP.
Il décrit la nouvelle stratégie palestinienne dans les instances internationales et son combat diplomatique contre l’Etat juif.
Les principaux points du document signé Saeb Erekat sont les suivants :
– Annulation de la reconnaissance d’Israël par l’OLP ;
– Campagne diplomatique tous azimuts pour obtenir un soutien international et exercer des pressions en faveur d’un retrait israélien sur les lignes d’avant juin 1967 ;
– Insistance sur le “droit au retour” des “réfugiés” palestiniens et de tous leurs descendants ;
– Rejet de toute proposition pour un règlement temporaire ou partiel avec Israël ;
– Bataille juridique contre Israël dans l’arène internationale pour limiter sa capacité à se défendre contre le terrorisme palestinien ;
– Coopération stratégique avec le Hamas et le Jihad islamique en les intégrant dans les institutions de l’OLP ;
– “Lutte populaire pacifique” contre Israël, notamment par des attaques terroristes locales perpétrées par des « solitaires ».

Avec ce document, la position palestinienne fait un grand pas en arrière depuis les pourparlers tenus suite aux Accords d’Oslo.
Erekat « ressuscite » en fait une ancienne stratégie qui prévoyait au départ un retrait israélien aux frontières d’avant juin 1967 pour pouvoir ensuite mener dans une meilleure posture la lutte « par étapes » contre l’Etat juif.
Ci-après une traduction intégrale (de l’arabe) des recommandations proposées par Saeb Erekat à la direction de l’Autorité palestinienne :
« À la lumière de la colonisation en cours et de son augmentation de plus 40% en 2014, face au refus d’Israël de revenir aux frontières du 4 juin 1967, à son opposition de libérer un groupe de détenus emprisonnés avant les Accords d’Oslo, à sa saisie des avoirs du peuple palestinien, et face à l’augmentation des attaques, des affrontements, des invasions, et des violations des accords signés, ainsi qu’en raison du maintien du blocus de la bande de Gaza par terre, mer, et air ;
À la lumière de la définition des relations avec Israël, de la mise en œuvre de la réconciliation nationale palestinienne, de la création de l’Etat de Palestine et de son adhésion aux institutions et conventions internationales, et devant le renforcement de nos relations avec les pays arabes et l’ensemble du monde, nous faisons les recommandations suivantes :
1. Nous appelons l’autorité d’occupation [Israël] à prendre sa pleine responsabilité pour le peuple palestinien dans l’Etat occupé de la Palestine (Cisjordanie, al-Qods [Jérusalem], et la bande de Gaza), tant qu’il [Israël] n’a pas consenti à remplir toutes les obligations qui lui sont imposées dans les accords signés, y compris le réexamen des problèmes sécuritaires et les relations économiques. Nous mettons en garde contre la reprise des négociations pour améliorer la situation. Notre but est de changer cette situation et de mettre en œuvre les résolutions du Conseil central palestinien publiées en mars 2015.
2. Nous nous opposons totalement à “l’Etat de Gaza” ; cette notion est inutile, car elle abandonne al-Qods [Jérusalem] et le droit de retour des réfugiés, inclus dans le programme national palestinien.
3. La Ligue arabe réunie le 15 janvier 2015 a rédigé une nouvelle proposition de résolution pour la soumettre devant le Conseil de Sécurité de l’ONU. Elle a déjà été approuvée par le Koweït, l’Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Palestine, et le Secrétaire général de la Ligue arabe.
Dans ce contexte, nous mettons en garde contre l’éventuelle préparation d’une proposition de résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui inclurait tous les éléments rejetés par les Palestiniens et les Arabes, comme la notion d’ « Etat juif », laissant les forces d’occupation le long du Jourdain, ou le principe d’échange de territoires, de démilitarisation de l’Etat, et des formulations vagues concernant Al-Qods [Jérusalem] et les réfugiés.
Il convient de souligner que la rédaction d’une nouvelle proposition de résolution du Conseil de Sécurité doit comprendre : l’établissement de l’Etat de Palestine sur les lignes d’avant juin 1967 avec Al-Qods orientale [Jérusalem-Est] comme capitale ; une solution au problème des réfugiés sur la base de la Résolution 194 ; la libération des prisonniers ; la négation de « l’Etat juif » ou toute formule de Sécurité qui signifierait le maintien des forces israéliennes le long du Jourdain et le déploiement d’une division permanente entre la bande de Gaza et la Cisjordanie ; le recours à l’Initiative de paix arabe avec toutes ses composantes et les résolutions internationales légitimes depuis l’adoption de la Résolution 242 en novembre 1967 à la résolution 19/67 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en 2012, reconnaissant l’Etat de Palestine comme membre observateur ; un arrêt total des colonies en Cisjordanie, y compris à al-Qods [Jérusalem] ainsi que la libération des prisonniers.
Seuls ces principes pourront relancer le processus de paix et obtenir un soutien et une supervision internationale, qui comprendra, outre les Etats membres permanents du Conseil de Sécurité, les représentants des Etats arabes, l’Union européenne, ainsi que le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Il est important de fixer un délai final des négociations sur le cours d’une année et la mise en œuvre intégrale de l’accord dans un délai qui ne dépassera pas deux ans.
Le Comité exécutif de l’OLP sera responsable de la préparation d’une nouvelle proposition de résolution du Conseil de Sécurité.
4. Le Comité exécutif de l’OLP, dirigé par le Président Mahmoud Abbas, sera responsable de l’activité du Comité national suprême dans les questions liées à la Cour pénale internationale, et plus particulièrement en ce qui concerne la préparation du dossier sur l’agression israélienne contre la bande de Gaza à l’été 2014, et sur le fichier du retrait des Territoires, d’une manière qui comprendra toutes les actions de la colonisation ; à savoir : la terreur que sèment les colons, les confiscations de terres, les destructions de maisons, les routes contournées, les infrastructures, la construction de colonies dans toutes ses formes, la barrière de séparation raciste, etc. Il est recommandé de poursuivre la surveillance active de la mise en œuvre des décisions de la Cour internationale, tout en les utilisant comme source juridique sur la question du règlement dans le cadre de l’ensemble de nos activités internationales.
L’Etat de Palestine a soumis officiellement (25 juin 2015) tous les fichiers et les réponses aux questions à la Cour pénale internationale, et en particulier le dossier sur la dernière agression contre la bande de Gaza et le sort des prisonniers.
De ce fait, nous devrions préparer un certain nombre de traités supplémentaires, adhérer à des institutions, aux conventions, protocoles et accords internationaux, dont le nombre est estimé à 484. Nous devrions également poursuivre nos efforts vis-à-vis du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies afin d’établir un régime spécial pour la protection internationale du peuple palestinien dans l’État de la Palestine occupée.
5. Nous devrions souligner à la communauté internationale que l’Etat de la Palestine est dans son droit pour rejoindre toutes les conventions internationales, y compris la Cour pénale internationale. Ce droit est une étape qui devait être prise de manière à respecter le principe de deux Etats et éviter de compromettre les intérêts du peuple palestinien.
6. Les revendications juridiques israéliennes contre l’Autorité palestinienne et ses institutions soumises devant les tribunaux américains, devraient être rejetées, notamment en soulignant la décision, le 7 juin dernier, de la Cour suprême des États-Unis, qui a refusé de reconnaître Al-Qods [Jérusalem] comme faisant partie d’Israël.
7. La poursuite des activités au sein des Etats de l’Union européenne pour obtenir leur reconnaissance de l’Etat de Palestine sur les lignes d’avant juin 1967 avec comme capitale al-Qods [Jérusalem], et ce, à la lumière de la reconnaissance du gouvernement suédois et du vote d’un bon nombre de parlements européens en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine... Lire l’intégralité.