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Certains avaient affirmé qu’Arafat n’était plus qu’une marionnette et donc, ne pouvait amener son peuple à un règlement politique qui mettrait fin au conflit israélo-palestinien.
Et pourtant, avant les négociations entamées à Camp David entre Arafat et Ehoud Barak sous les auspices du Président Clinton, les différents analystes israéliens, et notamment les différents services, ont parlé d’Arafat comme d’un partenaire pertinent capable d’aboutir à un accord de paix fondé sur un compromis historique.
De ce fait, et en se basant sur des documents irréfutables, nous pouvons affirmer que le mouvement Fatah dirigé par Arafat a bien servi de pilier principal et de catalyseur dans la stratégie de « la lutte populaire » contre Israël et cela bien avant le déclenchement de la Deuxième Intifada. Pour exemples, citons les affrontements sanglants lors de l’ouverture du tunnel à proximité du Mont du Temple en septembre 1996 ; les incidents lors des premières constructions de logements à Har Homa, près de Bethlehem, un an plus tard ; et les affrontements en faveur de la libération des détenus palestiniens au mois de mai 2000.
Les premiers indices du déclenchement de la vague d’attentats contre Israël ont été manifestés par une rencontre d’Arafat et de Barghouti avec des jeunes membres du Fatah à Ramallah et à Naplouse en avril 2000. Arafat qualifiait ces jeunes de « nouveaux généraux » et avait menacé «de déclencher une nouvelle Intifada » afin d’imposer à Israël « la création d’un Etat palestinien indépendant. »
Marwan Barghouti, qui deviendra l’un des principaux dirigeants de l’Intifada, avait déjà présenté au début de l’année 2000 la stratégie du Fatah. Il avait déclaré : « quiconque pense qu’on puisse parvenir dans le cadre de négociations à un règlement permanent sur des questions fondamentales telles que les réfugiés, Jérusalem, les implantations et les frontières se berce d’illusions. La vraie campagne est sur le terrain…, je veux dire par la confrontation,…contre les implantations, on ne lutte pas à l’aide de supplications, mais par la force des armes… le droit de notre peuple est de combattre les Israéliens en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, et à Jérusalem, par toutes les méthodes et tous les moyens. »
Deux semaines avant le sommet de Camp David (25 juin 2000), lors d’une une réunion du Fatah à Naplouse, Arafat a évoqué clairement la possibilité du retour « officiel » de la stratégie de « la lutte armée », et son application « officielle », à savoir par le biais du terrorisme. Dans son discours, Arafat déclarait clairement : « nous nous sacrifierons pour la Palestine… nous nous battons pour notre terre… Rappelez-vous la bataille de Karameh… [Opération de Tsahal contre une base du Fatah en Jordanie en 1968. Elle est toujours présentée comme la première victoire de l'OLP sur l’armée israélienne.] Rappelez-vous la bataille de Beyrouth lors de la Première guerre du Liban en 1982 et la première Intifada. Nous sommes prêts à tout et recommencer une fois de plus. »
La décision finale de déclencher l’Intifada a été donc prise par Yasser Arafat et ses hommes immédiatement après la fin du sommet de Camp David.
Dans un document publié par le journal Al Hayat Al Jadida le 20 septembre 2000, soit neuf jours seulement avant le début de l’Intifada, Sakher Habbash, considéré comme l’idéologue officiel du Fatah, a fait clairement allusion à la reprise de la lutte armée.
Ainsi et depuis lors, les forces de sécurité palestiniennes ont été préparées pour la confrontation contre Israël. Des directives ont été dictées aux forces de la « sécurité nationale » dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ainsi des « brigades des victimes d’Al-Aqsa » ont été formées pour lancer une nouvelle Intifada jusqu’à la conquête de Jérusalem.
Suite à l’échec du sommet de Camp David, « l’état d’urgence » a été proclamé par le Fatah. Le mouvement a préparé tous ses membres au conflit. Des dizaines de « camps de vacances » ont formé des milliers de jeunes à l’utilisation des armes et aux attaques contre des soldats et des colons israéliens par le lancement des pierres et la préparation de bombes incendiaires.
L’exploitation de la masse populaire à la révolte a été entreprise par le ministère de l’Information de l’Autorité palestinienne. Dans sa revue officielle du mois d’août 2000 (n° 29), nous pouvons lire :
« Nous sommes à un carrefour historique et une étape compliquée, qui probablement déterminera le sort de Jérusalem, des réfugiés, des frontières et le statut de notre Etat. Ces questions existentielles nécessitent l’union de toutes les forces afin de créer une volonté palestinienne, qui répondra aux questions nationales et donc nous devrions préparer les masses à une confrontation sur le terrain. »
Trois semaines avant le début de l’Intifada Al Aqsa, le journal Altsabah, organe officiel de l’Autorité palestinienne, annonce que la « la défense de Jérusalem nécessite un combat jusqu’à notre dernière goûte de sang. Le temps pour le jihad, la victoire et le martyre est bien arrivé… El Kouds nous attend… »
Suite à l’échec du sommet de Camp David, Arafat donna l’ordre à ses troupes et la suite est bien connue… Une intifada qui a duré plusieurs années et a fait dans les deux camps des milliers de victimes ! 1062 Israéliens et 4907 Palestiniens ont été tués durant cette période.
Jonathan D. Halevi
Voir l’intégralité de l’article et ses références dans le site anglais du JCPA-CAPE.