Tribune
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Publié le 12 Décembre 2013

L'accord de Genève sur l'Iran, ni "Munich" ni "Camp David"

Bruno Tertrais, Maître de recherche pour la Fondation pour la recherche stratégique

 

On a pu qualifier l'accord sur le programme nucléaire iranien signé le 24 novembre de "percée historique", ou à l'inverse de "reddition honteuse". Il n'est ni l'une ni l'autre.

 

Cet accord est-il "historique"? Seulement dans la mesure où il s'agit de la première fois depuis 2004 que la communauté internationale, incarnée ici dans le groupe appelé les "P5+1", ou les "EU3+3", est parvenue à conclure un accord permettant de limiter le programme nucléaire iranien. Mais il n'équivaut nullement à une réintégration de l'Iran dans la communauté internationale. L'accord de Genève ne couvre que le dossier nucléaire. Le mandat de négociation donné par le Guide suprême au président Rouhani était limité à ce problème particulier.

Les contentieux liés au terrorisme, aux droits de l'homme, ou à la Syrie n'étaient pas sur la table à Genève. Rouhani semble désireux de changer les choses, mais, il est très douteux que le régime iranien ait renoncé à sa politique de confrontation avec les pays occidentaux, qui est "dans l'ADN politique de la Révolution" comme le disent les conservateurs iraniens eux-mêmes. On peut même douter qu'il puisse survivre à une réforme en profondeur ou à une réconciliation avec les États unis et leurs alliés, du moins tant que le Guide suprême aura la haute main sur le pays... Lire la suite.