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Il n’y a rien de déshonorant à être un américaniste. Tout comme les professeurs de « français » en France, les américanistes ont souvent un rôle important, un rôle qui s’étend au delà de leur domaine. Cependant ils ne sauraient représenter à eux seuls, ni les universités en général, ni même les départements de lettres et de sciences humaines. Le boycott des américanistes n’engage donc qu’une très médiocre représentativité. Un boycott émanant de l’association des orthodontistes américains serait tout aussi –ou aussi peu-- significatif.
Il faut le relativiser par ce qu’il émane d’une association dont le sujet d’études n’engage aucune compétence sur le sujet du boycott. Les spécialistes de Nathaniel Hawthorne ou de l’Immigration chinoise à San Francisco ne sont pas « ipso facto » des autorités sur le Moyen-Orient. Leur spécialité ne s’étend ni à la physique nucléaire, ni à la pisciculture, ni à des conflits situés à l’autre bout du Monde. Le boycott ne relève donc pas d’un savoir, mais d’une conviction et de quelques métaphores.
La question à poser, face à ce type d’agit-prop -est alors de savoir comment une association d’universitaires spécialisés dans un domaine a été amenée à se prononcer sur un autre. La question à poser est évidemment celle des minorités actives au sein de cette association, et de celles qui amèneront d’autres associations - tout aussi incompétentes - à se joindre à des boycotts tout aussi absurdes ; des boycotts qui ressemblent moins à des actes politiques qu’à des lapsus, si l’on pense aux circonstances - massacres en Syrie - où ils sont prononcés.
On a écrit de nombreux ouvrages sur les lobbies « juif » et « Israélien ». Il serait temps de s’intéresser maintenant de façon sérieuse aux lobbies qui, dans les universités américaines se spécialisent dans l’Anti-israélisme, quels que soient les problèmes qui par ailleurs secouent le monde.
Une telle étude pourrait commencer par une méditation sur la réflexion suivante. « Un fanatique est quelqu’un qui ne change jamais d’avis, mais c’est surtout quelqu’un qui ne change jamais de sujet ».
Après avoir été directeur de recherches au CNRS et professeur à Sciences .po, Daniel Dayan est professeur à la « New School For Social Research », New York