Tribune
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Publié le 12 Mars 2013

Le choix entre « la peste et le choléra »

 

Par Oleg Servegine pour la Voix de la Russie

 

« L'opération militaire au Mali augmente la menace des actes de terreur en Europe ».

 

Une telle conclusion se trouve dans l'exposé du coordinateur de l'Union européenne sur la lutte contre le terrorisme Gilles de Kerchove. Le rapport était présenté aux ministres des Affaires intérieures des pays membres de l’UE à la rencontre en petit comité qui s’est passée à Bruxelles. Néanmoins, le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung est au courant des positions principales du document dit « confidentiel ». Le journal n'a pas manqué de profiter de la possibilité de les rendre publiques.

 

Selon Frankfurter Allgemeine Zeitung, le rapport ne met pas en doute les buts principaux de l'opération militaire au Mali. Le journal fait attention aussi au chapitre du rapport portant sur le recrutement de la jeunesse dans les rangs des extrémistes islamiques. Un point remarquable : les auteurs du rapport reconnaissent que « le nombre important » de jeunes Européens part en Syrie et en Libye pour se joindre aux djihadistes. On pronostique en plus la croissance ultérieure du nombre des jeunes gens partant là-bas, qui pourront ensuite revenir en Europe après avoir reçu une certaine formation.

 

L’inquiétude des experts sur l'anti-terreur est provoquée aussi par le fait qu'en Afrique du Nord et dans la zone du Sahel, on note un flux d'armes en provenance de Libye et de Syrie. Le Vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques Vladimir Anokhin accuse les Européens eux-mêmes d’avoir créé cette situation dans ces régions.

 

« En principe, l'Europe, plus exactement certains milieux européens, est devenue l'amorce « du printemps arabe ». Ils ont semé le vent, mais on ne sait pas encore ce qu’on récolte. Parce que tout cela cuit dans la chaudière des pays en ce moment. Mais le Mali, c’est une vraie bêtise ».

 

Frankfurter Allgemeine Zeitung a intitulé le commentaire sur ce problème ainsi - « La menace terroriste à l'Europe : la peste ou le choléra ? » Qu’est-ce qui est pire – la prise par les islamistes de la moitié du Mali ou la perspective de tomber victime de l'attentat en Europe ? L'expert de l'anti-terreur du Fonds allemand de la science et de la politique, le docteur Guido Steinberg dit :« Je pense qu’il n’y avait pas d’alternative. Mais l'intervention a montré en même temps l'échec. À en juger par les faits, l'intervention n'avait derrière elle aucune conception politique. En effet, à proprement parler, personne ne sait comment l'État malien pourra se relever. C'est pourquoi la décision à court terme sur l'intervention était justifiée, mais elle montre que ces dernières années, tout se faisait incorrectement dans la région ».

 

« Nous suivons une bonne voie » – a déclaré le ministre de la Défense de France Jean-Yves Le Drian qui a communiqué les succès suivants dans la répression de la résistance des islamistes un de ces jours, après avoir ajouté qu’au Mali déjà 30 soldats français avaient été blessés. Quel choix est donc plus juste ?