Tribune
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Publié le 13 Novembre 2012

Le conseil régional d’Île-de-France et la délégitimation de Jérusalem

Par Richard Prasquier et Marc Knobel

 

Le conseil régional d’Île-de-France a voté le 28 septembre 2012 en faveur d’un accord de coopération décentralisée avec Jérusalem-Est (1), devenant ainsi la première collectivité locale française à coopérer avec cette partie de Jérusalem. Qu’un Conseil régional coopère avec un Gouvernorat de l’Autorité palestinienne n’aurait pas dû poser de problème s’il s’était agi du Gouvernorat de Ramallah et Al-Bireh, par exemple. Mais pour le Gouvernorat de Jérusalem, la situation est différente. Il s’agit donc là d’un choix éminemment politique de la part du Conseil Régional d’île de France, négligeant le fait que Jérusalem est le centre spirituel et la capitale historique d’Israël et du peuple juif. Nous renvoyons aux textes publiés à cet égard par le Professeur David Ruzié sur les problèmes de légalité internationale en droit à Jérusalem et aux territoires de Cisjordanie.

De fait, du 8 au 12 novembre 2012, une délégation du Conseil régional d’Ile-de-France s’est rendue dans les Territoires Palestiniens afin de signer cet accord de coopération avec le Gouvernorat de Jérusalem. Le Consul Général de France à Jérusalem, Frédéric Desagneaux, a reçu lors d’une réception vendredi 9 novembre, la délégation, dirigée par Roberto Romero, Vice-Président (PS) de la région chargé des relations internationales, et composée d’élus du Conseil régional : Mme Marie-José Caysac (Mouvement Unitaire Progressiste) et MM. Jacques Picard (Groupe Europe-Ecologie/ Les Verts), Pierre Kanuty (PS), Clément Ortega (PCF), François Delapierre (Parti de Gauche), de deux conseillères du cabinet du Président et de la Directrice des relations internationales. Le Gouverneur de Jérusalem ainsi que des personnalités de la société civile palestinienne ont également été conviées à la réception. Lors de la signature de l’accord de coopération entre Adnan Husseini, Gouverneur de Jérusalem et Roberto Romero, qui a lieu le samedi 10 novembre, étaient notamment présents : le Consul général de France, la Ministre palestinienne de l’Education, plusieurs personnalités politiques palestiniennes, le grand mufti de Jérusalem, le patriarche grec orthodoxe, des représentants d’associations culturelles de Jérusalem-Est et… le franco-palestinien Salah Hamouri (2), inculpé en 2005 sous la double accusation d'avoir projeté de tuer le rabbin Ovadia Yossef, et d’appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), libéré le dimanche 18 décembre 2011 avec 550 autres prisonniers dans le cadre de l'échange « Gilad Shalit », conclu avec l'Égypte, avec l'accord du Grand Rabbin Ovadia Yossef, dirigeant spirituel du parti orthodoxe israélien Shass.

 

Qu’un haut fonctionnaire accepte qu’un terroriste sortant tout juste de prison participe à une réception de ce niveau pose problème. Qu’à cette réception participe également le Gand Mufti de Jérusalem qui a tenu publiquement le 12 janvier 2012 un discours justifiant le massacre des Juifs (des Juifs et pas seulement des Israéliens) laisse une impression amère dans le contexte actuel d’antisémitisme en France.

 

Richard Prasquier et Marc Knobel

 

Note :

1) Créé en 1996, le gouvernorat de Jérusalem est un des 11 gouvernorats palestiniens qui composent la Cisjordanie. Sa population est légèrement supérieure à 396.000 habitants (dont plus de 246.000 résidant à Jérusalem-Est).

2) http://www.consulfrance-jerusalem.org/Signature-accord-de-cooperation