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La puissance de recul d’une telle arme est incompatible avec son handicap. Mais l’engin qu’il porte à l’épaule est un vieux B-10 de fabrication soviétique. Pour la National Security Agency américaine, qui a intercepté le cliché, le recours à cette arme obsolète, sans recul, peut s’expliquer par son problème de scoliose. Son identité est ainsi validée. L’anecdote remonte à début 2008. La recrue belgo-tunisienne d’Al-Qaïda vient d’arriver en zone tribale. Condamné par défaut à huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Bruxelles, en mai 2010, pour appartenance à un groupe terroriste, Garsallaoui s’est enfui au Pakistan. Lui et son épouse, Malika El-Aroud, veuve du faux journaliste tunisien qui a assassiné le commandant Massoud, ont été reconnus coupables par la justice belge d’avoir monté et dirigé une filière d’envoi de combattants vers la province pakistanaise.
Malika El-Aroud et son mari recrutaient via le site minbar-sos.com. Garsallaoui aurait conduit en personne plusieurs « candidats » au djihad, dont un jeune Français disparu, Hamza El-Alamidans, depuis la Turquie jusqu’aux montagnes iraniennes. L’islamiste de 43 ans a ensuite gravi les échelons dans l’organisation terroriste, puisqu’il est aujourd’hui considéré par les Américains comme le probable chef des opérations extérieures d’Al-Qaïda ! Voilà trois ans que Moez Garsallaoui fait l’objet, à la demande de Washington, d’un mandat d’arrêt international. Selon sa fiche Interpol, une « red notice » que nous avons pu consulter, Washington l’accuse, entre autres, d’avoir « conspiré et participé à des attaques ayant attenté à la vie de personnels militaires basés en Afghanistan ». Il figure à ce jour sur la liste des vingt cibles prioritaires de la CIA.
Merah n’aime pas les bombes. Il veut des armes
Et les services de renseignement français ont beau prétendre que Mohamed Merah a rejoint le Nord-Waziristan pakistanais sans le soutien d’une filière organisée, leurs homologues occidentaux soutiennent que Merah a été pris en charge à Miranshah par les hommes de Garsallaoui. Dans des dédales de venelles poussiéreuses, les modestes maisons de pisé de ce bourg abritent plus de terroristes islamistes que de paysans indigents. Véritable nid de djihadistes, c’est une citadelle imprenable où les drones américains frappent les insurgés.
L’armée pakistanaise s’y est si souvent cassé les dents qu’elle renâcle, malgré les pressions et les financements colossaux de ses alliés, à mener des offensives terrestres. C’est ainsi que, depuis 2004, les Etats-Unis bombardent régulièrement le bastion terroriste de Miranshah, où Moez Garsallaoui se cache depuis 2009, année de son accession à la direction opérationnelle de l’appareil Al-Qaïda. En quatre ans, les drones américains y auraient effectué plus de 200 frappes. Des attaques ciblées dont Garsallaoui a déjà fait l’objet à trois reprises. En mars 2010, sa planque est détruite en son absence. La deuxième fois, en novembre 2011, il réussit à se sauver à temps. Il y a quatre mois, en mai 2012, le missile a bien détruit son QG mais il s’en est sorti in extremis. La CIA a appris que, cette fois, il avait été blessé. Un Belgo-Tunisien francophone qui supervise l’organisation des filières de recrutement et d’acheminement des candidats au djihad, voilà une cible de choix pour les services de contre-terrorisme français qui, pourtant, tentent de minimiser le rôle de Garsallaoui dans le recrutement et la formation militaire de Merah…