Tribune
|
Publié le 18 Février 2013

Le président tunisien Moncef Marzouki justifie la constitution : c'est un compromis avec les islamistes

 

MEMRI - Dépêche n° 401 du 15 février 2013

 

Ci-dessous des extraits d'une interview du président tunisien Moncef Marzouki, diffusée sur le réseau Al-Jazeera (via Internet) le 9 février 2013.

 

Moncef Marzouki: Tout le monde sait où se trouvent les lignes rouges de l’autre partie. Donc je sais aussi… Laissez-moi vous donner un exemple… Je suis contre la peine de mort. Quand je suis arrivé ici, dans ce palais, j'ai trouvé une liste de 220 personnes qui avaient été condamnées à mort et que Ben Ali n'a pas osé exécuter, ni libérer. J'ai dit: regardez, de facto, nous n'aurons jamais la peine de mort ici en Tunisie, mais je sais qu’il s’agit d’une ligne rouge pour les islamistes.

 

Je ne peux pas l’introduire dans la constitution. Ainsi, ils savent que je n'accepterai jamais la peine de mort ici en Tunisie: ils n'ont pas demandé à ce que des gens soient pendus - mais je ne peux demander non plus d’insérer dans la constitution que la peine de mort est interdite en Tunisie.

 

C’est notre manière de parvenir à ce consensus. Je sais où est votre ligne rouge et vous savez où est la mienne, et nous essayons d’aboutir à un consensus qui sera acceptable pour les deux parties.

 

Concernant les droits des femmes, c’est la même chose. Bien sûr, je voudrais écrire dans la constitution que l'égalité entre l'homme et la femme est totale et complète, mais vous ne pouvez pas écrire ceci dans la constitution, parce que cela signifierait que des femmes tunisiennes pourraient épouser des chrétiens ou des juifs, et ainsi de suite. Ce serait un problème.

 

Donc nous écrirons plutôt dans la constitution que l'égalité est le principe de la relation entre l'homme et la femme.

 

Nous nous arrêterons là. Ils comprennent ce que je veux dire et je comprends ce qu'ils veulent dire. Si chaque parti politique imposait son point de vue, il s'effondrerait.

 

[…]