Tribune
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Publié le 21 Juin 2013

Le Premier ministre palestinien présente sa démission au bout de quatorze jours

Par Hélène Keller-Lind

 

Quatorze jours après son entrée en fonction, le Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, présente sa démission au Président Abbas, en place sans avoir été reconduit. Ceci dans la foulée de la démission de l'ancien premier ministre Salam Fayyad. Raison officielle : il n'aurait par accepté que ses pouvoirs soient limités. On sait, par ailleurs, que cette nomination avait été jugée illégale par le Hamas. Selon certaines sources, Mahmoud Abbas aurait bien des difficultés à trouver un candidat faisant l'unanimité et n'étant pas touché par la corruption endémique au sein de l'Autorité palestinienne.

 

Salam Fayyad condamnait la gestion calamiteuse de l'Autorité palestinienne en démissionnant

 

L'ancien Président de l'Université de Naplouse, récemment encore pépinière de terroristes, avait été nommé au poste de Premier ministre de l'Autorité palestinienne, laissé vacant par Salam Fayyad. Celui-ci avait expliqué en ces termes le 3 mai dernier les raisons de sa démission au New York Times : « Notre histoire est l'histoire d'un leadership défaillant depuis très longtemps. Il est incroyable que le sort du peuple palestinien ait été laissé entre les mains de dirigeants désinvoltes à ce point, tellement guidés par des décisions prises sur des coups de tête, sans le moindre sérieux. Nous n'avons pas de stratégie, nous concluons des accords de manière tactique et nous sommes pris en otage par notre propre rhétorique » http://www.nytimes.com/2013/05/04/opinion/global/Roger-Cohen-Fayyad-Steps-Down-Not-Out.html?pagewanted=all&_r=0 Peu après son entrée en fonction Salam Fayyad avait déclaré à un groupe de députés emmenés dans la région par l'organisation Medbridge, qu'il s'était efforcé jusque-là à rationaliser et organiser ce qui étaient de véritables écuries d'Augias...

 

Un Premier ministre entré en fonction le 6 juin dernier, rejeté d'emblée par le Hamas

 

Après que Salam Fayyad a jeté l'éponge, Mahmoud Abbas, qui est « Président » de l'Autorité palestinienne bien que son mandat n'ait pas été renouvelé depuis 2005, les élections dont on ne parle même plus, ayant été repoussées à plusieurs reprises, a nommé Rami Hamdallah au poste de Premier ministre. Ce doyen de l'université al-Najah de Naplouse, qui a été pépinière de terroristes sous sa mandature, n'appartenait apparemment à aucun parti et faisait partie, semble-t-il, de ces rares responsables palestiniens qui ne sont pas soupçonnés de corruption. Pourtant le Hamas, mouvement terroriste qui règne sur la Bande de Gaza, avait protesté vigoureusement contre ce choix et déclaré la nomination « illégale » http://www.desinfos.com/spip.php?article36252.

 

Pieds et poings liés par Abbas, il jette l'éponge au bout de quatorze jours

 

On apprend aujourd'hui, moins de quinze jours après l'entrée en fonction de ce Premier ministre qu'il a présenté sa démission. L'agence de presse palestinienne Maan News expliquant que cette décision serait due à « un désaccord quant à l'étendue de son champ de compétences et des limites de son pouvoir ». Il s'était pourtant engagé à ce que « son gouvernement suivre la politique et le programme de Mahmoud Abbas » en prêtant serment le 6 juin dernier http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=606935.

 

Donnant le ton, le 6 juin dernier il s'était rendu à Jérusalem, sur les lieux de la mosquée Al-Aksa et dans un hôpital islamique caritatif, « accompagné, entre autres responsables, du gouverneur de Jérusalem, Adnan al-Husseini, du Grand mufti de Jérusalem, Mohammed Husseini – connu pour sas diatribes antisémites-, du ministre de la Santé ». Et il déclarait que « Jérusalem et ses lieux saints sont une priorité essentielle pour le cabinet ministériel de l'Autorité palestinienne » http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=605518 . On sait que Jérusalem est activement instrumentalisée par l'Autorité palestinienne qui tente ainsi de rameuter le monde arabo-musulman contre l’État hébreu http://www.desinfos.com/spip.php?article32357

 

Des Palestiniens déchirés entre plusieurs factions incapables de gérer les choses dans l'intérêt d'une population exsangue, sur fond de corruption

 

 

Aujourd'hui, non seulement le dialogue est-il impossible entre le Fatah au pouvoir dans les Territoires palestiniens de Judée Samarie et le Hamas terroriste dans la Bande de Gaza, en dépit de maint effet d'annonce promettant une réconciliation imminente, mais il semble que l'Autorité palestinienne soit devenue incapable de former un gouvernement pour gérer les quelque 2 millions 700.000 Palestiniens placés sous sa tutelle. Bien que des millions lui soient versés chaque année, principalement par l'Occident, UE comprise. Mais la corruption palestinienne est endémique et atteint des sommets, on le sait...le rapport annuel d'AMAN – Coalition pour la Responsabilité et l'Intégrité -, qui entretient des liens avec la Commission européenne, présenté début mai le confirme sans l'ombre d'un doute http://www.aman-palestine.org/data/uploads/0bfc44bb277e94d8ea2f35df757148ca.pdf

 

Un taux de chômage élevé, des salaires dérisoires en dépit des millions reçus de l'étranger en subventions détournées

 

Alors que le taux de chômage est de 20.3% en moyenne dans les territoires gérés par l'Autorité palestinienne, taux plus élevé chez les femmes et les jeunes – ceux-ci entrant sur le marché du travail dès l'âge de 15 ans -. Pour un salaire moyen de 18 € par jour, soit environ deux € et demi l'heure. On notera que sont inclus dans ces chiffres donnés par le Bureau central des Statistiques palestiniennes, ceux qui travaillent dans les implantations juives. Et dont le nombre a augmenté au premier trimestre 2013, passant à quelque 70.000 Palestiniens locaux mieux payés que s'ils sont employés par des patrons palestiniens http://www.pcbs.gov.ps/site/512/default.aspx?tabID=512&lang=en&ItemID=790&mid=3172&wversion=Staging. Ce qui, mais ceci est un autre volet de la question, montre à quel point toute décision de boycott de produits israéliens, y compris ceux qui sont élaborés pour totalité ou partie dans ces implantations dessert la population palestinienne. Ce qu'a pourtant voté la majorité de gauche, P.S. en tête, du Conseil municipal de Paris tout récemment http://www.desinfos.com/spip.php?article36430.

 

Après nombre de grèves et manifestations similaires le 15 juin des manifestations avaient lieu contre la cherté du coût de la vie à Naplouse, des Palestiniens entendant « lancer un message à Rami Hamdallah qui voulait s'aligner sur la politique conduite par Abbas, politique qu'ils accusaient de les affamer, avec notamment une augmentation de la TVA sur des biens de première consommation » http://www.maannews.net/eng/ViewDetails.aspx?ID=605157

 

Dans cette affaire, ce sont les Palestiniens de base qui paient les pots cassés par des dirigeants ineptes se souciant d'eux comme d'une guigne, alors que les donateurs devraient conditionner le versement des millions versés et en et contrôler rigoureusement l'utilisation...