Tribune
|
Publié le 22 Mars 2013

Le projet de construction E-1 est vital pour Israël

 

Par Nadav Shragai pour le CAPE de Jérusalem

 

Cet article est extrait d’une étude approfondie publiée en hébreu par le JCPA-CAPE.

 

La zone appelée E-1 (Est 1) est toujours d’actualité et son projet de construction provoque un tollé général, accentué par la visite officielle du président Obama à Jérusalem et à Ramallah. Cette zone est adjacente à l’est de Jérusalem et sa superficie est de 12 hectares seulement. Elle fait partie de Maalé Adoumim, ville-dortoir de la capitale de l’État juif. Le projet de construction existe depuis plus de 20 ans et demeure toujours à l’ordre du jour dans le débat public en Israël et sur la scène internationale. Ce projet est sévèrement contesté par les Palestiniens et suscite une opposition farouche des chancelleries. C’est précisément pour cette raison qu’il n’a pas été mis en œuvre à ce jour. Depuis Yitzhak Rabin, tous les chefs de gouvernement ont soutenu ce plan. Le site E-1 est en fait une zone largement inhabitée et c’est bien l’État qui en est le propriétaire.

 

Le contrôle de la zone E-1 est indispensable et vital pour le développement de la région et pour la sécurité de l’État d’Israël. Une ceinture palestinienne de construction pourra en effet menacer Jérusalem par l’Est et empêcherait un contrôle de la route Jérusalem-Jéricho. Cette artère principale est d’une importance stratégique capitale pour pouvoir, en cas de conflit armé, transporter des troupes et des équipements vers l’est et le nord du pays via la vallée du Jourdain.

 

Contrairement aux différentes analyses et à l’avis de certains observateurs, la construction de la zone E-1 ne pourra pas couper la Cisjordanie en deux et ne portera aucune atteinte à la contigüité palestinienne. Israël a déjà planifié une nouvelle route qui permettra aux Palestiniens venant du Sud de circuler vers l’est de Maalé Adoumim et de poursuivre leur chemin vers les villes du nord de la Cisjordanie. En fait, ce détour réduirait le laps de temps des véhicules palestiniens circulant en direction Nord-Sud et éviterait des barrages routiers.

 

En réalité la principale menace pour une future contigüité territoriale israélienne est surtout due aux constructions palestiniennes illégales et sauvages dans cette zone problématique. La construction israélienne et palestinienne en Cisjordanie a été régie par les dispositions juridiques inscrites dans l’accord intérimaire d’Oslo II du 28 septembre 1995. La zone E-1 est située au sein de la zone C ; autrement dit, selon cet accord, Israël pourra conserver ses pouvoirs de planification. Par conséquent la plupart des constructions récentes palestiniennes est illégale. En revanche, les accords d’Oslo n’interdisent pas des activités d’implantations israéliennes ; et pourtant jusqu’à ce jour Israël s’est abstenu de le faire dans cette zone pour éviter des frictions avec la communauté internationale.

 

Il existe en Israël un large consensus concernant la nécessité de relier Maalé Adoumim à Jérusalem via la construction de la zone E-1. Et pourtant, à l’exception du siège du district de la police de Judée Samarie, aucune autre construction n’a été effectuée en raison d’une farouche opposition américano-européenne.

 

Depuis que ce plan a été approuvé, voilà déjà 13 ans, la superficie de cette zone a été réduite par la présence de tribus bédouines et une construction palestinienne illégale. De ce fait, le corridor s’est rétréci à une largeur d’un seul kilomètre.

 

Pour pouvoir garantir le statut de Jérusalem comme capitale de l’État juif, les gouvernements israéliens successifs ont planifié et ont construit des quartiers-dortoirs autour de la Ville sainte : Maalé Adoumim à l’Est, Givat Zéev au Nord, Efrat au Sud et Bétar, au Sud-Ouest. Tous ces quartiers forment une seule zone métropolitaine et sont destinés à demeurer sous souveraineté de l’État d’Israël et à être annexés dans le cadre d’un accord de paix permanent.

 

Le 14 avril 2004, le Président américain George W. Bush a remis au Premier ministre Ariel Sharon une missive qui confirme que dans tout arrangement final israélo-palestinien, la réalité démographique créée sur le terrain depuis la Guerre des Six-Jours devrait être prise en compte et, de ce fait, des modifications sont nécessaires. En clair, Israël ne pourrait plus se retirer de toutes les zones de la Cisjordanie.

 

La barrière de sécurité a été tracée sur la base de ce principe et afin d’incorporer les principaux blocs d’implantations. Quelques 220 000 des 290 000 résidents de la Judée-Samarie habitent au sein de ces grands blocs. La Cour suprême de justice a d’ailleurs confirmé le principe d’inclure ces blocs d’implantations à l’ouest de la barrière de sécurité.

 

Maalé Adoumim a été créée en 1977 et elle est devenue une ville à part entière en 1991. Aujourd’hui, le nombre de ses habitants est de 36 000 et il est prévu en 2020 de l’accroître à 70 000. Cette ville est située à la lisière du désert de Judée, à environ 7 km à l’est de la route Jérusalem-Jéricho, et est elle est proche des quartiers nord de la capitale : Pisgat Zéev, Hagiva Atsarfatit et Ramat Eshkol.

 

Une grande partie des terres de la zone E-1 ne convient pas à la construction en raison des considérations topographiques et du fait qu’une partie est destinée à devenir une réserve naturelle. Sur son côté Ouest, il est prévu de construire un quartier résidentiel de 3 500 unités de logement, accompagnées de lieux touristiques, d’hôtels, et des entreprises industrielles et commerciales qui pourront servir toute la population de la région de Jérusalem et fournir des milliers d’emplois pour les Israéliens et les Palestiniens.

 

Le 30 novembre 2012, suite à de longues années de gel du projet, le gouvernement israélien a décidé de renouveler l’agrément de planification et de constructions dans cette zone controversée.

 

La décision fut prise en réponse à la décision de l’Assemblée générale de l’ONU de reconnaître la Palestine comme observateur non étatique. Les réactions furent immédiates et virulentes. De nombreux pays condamnèrent la « rétorsion ». Le porte-parole de la Maison-Blanche déclara que le projet était contraire à la politique américaine et sapait la solution de deux États. Les ambassadeurs d’Israël en Grande-Bretagne, en France, en Suède, en Espagne et au Danemark ont été convoqués et réprimandés. 14 des 15 membres du Conseil de sécurité ont affirmé leur opposition au projet tandis que le Secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki Moon évoquait « une voie dangereuse prise par Israël ».

 

Au début du mois de janvier 2013, des Palestiniens ont installé, avec le soutien de l’Autorité palestinienne, des tentes de protestation dans la zone E-1. Quelques jours plus tard, suite à l’approbation de la Cour suprême de Justice, les autorités israéliennes ont décidé de démanteler cette implantation sauvage.

 

Le gouvernement Netanyahou a « rejeté toutes les critiques et les condamnations en insistant sur les intérêts vitaux et sécuritaires de l’État d’Israël en précisant que malgré les pressions internationales il n’y aura pas de changement dans la décision prise. »

 

Toutefois, à la dernière minute, en dépit de l’approbation gouvernementale, l’application du projet fut suspendue sine die.

 

Dans ce contexte, il est important d’éclaircir certains aspects du projet E-1, car il est d’une importance considérable pour l’État d’Israël et l’avenir de la région. Nous réfutons les allégations de la communauté européenne affirmant que ce plan retarde « la solution de deux États », ou empêche tout contact entre la population située au Nord avec celle de la bande Sud.

 

Rappelons qu’il existe un consensus général en Israël autour de l’avenir de la ville de Maalé Adoumim et de son lien vital avec la capitale Jérusalem. Il s’agit d’une partie intégrante du concept principalement sécuritaire du « Grand Jérusalem »et le détachement de Maalé Adoumim de Jérusalem serait dangereux et pourrait porter atteinte aux intérêts vitaux de l’État juif.

 

Pendant 19 ans (1948-1967), Jérusalem était divisée et séparée par une muraille et sa partie Est était sous occupation jordanienne. Voilà déjà 45 ans que toutes les barrières sont tombées et que la Ville sainte a été unifiée sous souveraineté israélienne. La liberté de circulation de ses habitants est tout à fait assurée et, en dépit de l’omniprésence du conflit, il existe une coexistence quotidienne avec de nombreux éléments de coopération et de compréhension vivaces entre les populations.

 

Juste après la guerre des Six Jours de 1967, et dans le but d’instaurer le statut de Jérusalem unifiée comme capitale d’Israël et de renforcer sa position nationale, une série de quartiers et de villes-dortoirs ont été construits, où vivent aujourd’hui plus de 200 000 habitants. L’objectif fut double: créer de nouveaux logements en garantissant la sécurité des résidents de la région.

 

Depuis la création de l’État juif, ses dirigeants ont maintenu cet objectif afin d’assurer les frontières du pays et de préserver une présence civile permanente. Au fil des ans, la Galilée et le Néguev comme les grands blocs d’implantation en Cisjordanie après 1967 et la périphérie autour de Jérusalem furent construits à partir de concept.

 

La construction de logements et la sécurité sont deux piliers inébranlables et inséparables de la politique israélienne. Une perception réaliste constate qu’il ne peut y avoir de sécurité sans des implantations, et d’implantations sans sécurité. Avec le changement des conditions politiques, et suite à une vague d’attentats terroristes au début de ce millénaire (la Deuxième Intifada), le gouvernement s’est trouvé dans l’obligation de construire une barrière de sécurité autour de la capitale. Grâce à ce Mur, de nombreux attentats-suicides et un trafic de contrebande d’armes furent déjoués. Ces mesures sécuritaires ont certes imposé des restrictions sur la liberté de mouvement de la population palestinienne, mais elles furent impératives pour protéger les résidents de la métropole et redonner à la Ville sainte un second souffle économique et prospère.

 

Aujourd’hui résident dans les limites municipales de Jérusalem et la région métropolitaine plus d’un million de personnes. À l’intérieur de la capitale vivent 500 000 juifs et 300 000 Arabes et dans les alentours vivent 200 000 habitants répartis en quatre blocs urbains :

 

À l’Ouest et à l’intérieur de la « ligne verte »figurent plusieurs villages, dont Mevasereth Tsion, Beit Zaith, ou Motsa Elit, où vivent actuellement 40 000 personnes.

Au Nord et à l’extérieur de la « ligne verte » : Givat Zéev, Guivon et Beit Horon comptent plus de 16 000 âmes.

À l’Est et au-delà de la « ligne verte » se situe la ville de Maalé Adoumim et la zone E-1. Cette région comprend dix implantations où vivent actuellement 65 000 personnes.

L’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin avait un jour déclaré que toute concession à l’égard de la construction en zone E-1 coupera Maalé Adoumim de Jérusalem ; une situation intolérable qui rappelle le sort du Mont-Scopus durant les années 48 et 67. Lors de cette période d’occupation jordanienne, le Mont Scopus fut une enclave au cœur du quartier arabe. Rabin a été le premier en Israël à initier le projet de construction E-1. Quelques années plus tard, et dans le but de préserver la continuité territoriale et sécuritaire, Ariel Sharon, alors Premier ministre, avait demandé à une équipe d’experts de décrire la ligne municipale de Jérusalem côté Est. Dans un document confidentiel présenté au gouvernement Sharon, nous pouvons lire : « Qu’elle soit une frontière délimitée par un traité ou une frontière non délimitée par un accord, nous devons introduire dans la Jérusalem israélienne la plupart des banlieues juives entourant la ville, et notamment Maalé Adoumim et Givat Zéev. Ces villes-dortoirs sont nécessaires pour assurer la croissance de la population juive dans les quartiers de Jérusalem élargie. »

 

Dans ce rapport, les experts insistent aussi sur le bien-être de la population palestinienne et affirment entre autres: « Nous devrions permettre à la population palestinienne un transport permanent entre Bethléem et Ramallah hors des frontières de Jérusalem. Si nécessaire, nous devrions construire des ponts ou des tunnels pour assurer leur libre circulation. » Cette recommandation, d’une grande importance, est liée directement à la revendication des chancelleries concernant la soi-disant non-contigüité palestinienne entre le nord et le sud de la Cisjordanie.

 

Dans ce contexte, rappelons que la notion de profondeur stratégique dans le cadre de « frontières défendables » est acceptée aujourd’hui par tous les experts en matière de sécurité et de défense. Cette profondeur forme un terrain de combat nécessaire pour pouvoir déployer les forces de défense. La distance du front stratégique entre Maalé Adumim et Jérusalem vers l’Est et la mer Morte est impérative et cruciale pour pouvoir fournir à Israël une véritable profondeur stratégique en cas d’attaque en provenance du front Est surtout dans une période de turbulences et d’instabilité régionale.

 

Dans ce contexte, et pour pouvoir assurer la sécurité de la capitale,  Israël doit assurer le contrôle des voies d’accès à la ville.

 

Maalé Adoumim a été créée en 1977 suite à une décision gouvernementale. Trois ans plus tard, les premiers résidents se sont installés et, en 1991, Maalé Adoumim fut reconnue en tant que ville, devenue la première en Cisjordanie à bénéficier d’un statut municipal. Aujourd’hui, Maalé Adumim ne compte que 40 000 habitants seulement contrairement aux prévisions municipales.

 

Toutefois, en raison de contraintes politiques et d’interdiction sélective de construction, le rythme de croissance demeure assez faible. Au lieu de prévoir 500 unités chaque année on n’en a construit que quelques dizaines seulement.

 

Maale Adumim, située à 7 km de l’Est de Jérusalem, sur la route de Jéricho, est adjacente aux quartiers nord de la capitale, tel Hagiva Atsarfatit et Ramat Eshkol. Les bâtiments de la ville sont proches du Mont des Oliviers, de l’Augusta Victoria et du Mont Scopus. Dans l’espace qui sépare Maalé Adumim de Jérusalem sont installés quelques villages arabes, dont Abou Dis, Azaria et Issaouia. Le trajet entre les deux villes israéliennes ne dure que quelques minutes et la majorité écrasante de la population active de Maalé Adoumim travaille à Jérusalem.

 

En conclusion, le nouveau gouvernement israélien devrait adopter une ligne politique claire et cohérente et accélérer la réalisation du plan E-1 en dépit des difficultés administratives et juridiques et malgré les protestations palestiniennes et les critiques des chancelleries. Ce projet de construction est d’un intérêt vital pour l’État juif ; un retard d’application mettrait en péril sa réalisation effective en raison de la construction palestinienne illégale et la présence massive des campements bédouins. Plus grave encore, il risque de séparer la ville de Maalé Adoumim et de l’isoler à jamais de Jérusalem. Le temps presse et la raison d’État devrait l’emporter.