Tribune
|
Publié le 3 Mars 2014

Le véritable but du BDS : la délégitimation d’Israël

Tribune de Moshe Arens, ancien Ministre israélien des Affaires étrangères et de la Défense, publiée initialement en hébreu dans Haaretz puis traduite en Français et publiée par le CFCA - Forum de coordination pour la lutte contre l’antisémitisme, le 18 février 2014

 

Le mot "délégitimation" est omis, de manière moralisatrice, des initiales du BDS mais constitue sans aucun doute la base et l'ultime objectif de cette campagne.

 

"Des bâtons et des pierres peuvent briser mes os, mais les mots ne pourront jamais me faire du mal" ; telles sont les paroles d'une vieille comptine dont le message est qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux des paroles vexantes.  Mais il y a un mot, qui, quand il s'adresse à    une victime potentielle, bien que ne pouvant en lui-même briser aucun os, a le pouvoir de servir de préambule à des pierres et à des os brisés, des cranes fracturés, des coups de feu à   la tête, des chambres à gaz et l'extermination. Ce mot est délégitimation. C'est quelque chose que les juifs, au fils des générations ont bien appris et dont leurs ennemis ont appris à se servir, alors que son impact est fatal. Il s'agit de la déclaration selon laquelle la saison de la chasse contre la victime de cette même délégitimation est ouverte. 

Pendant des centaines d'années, les juifs ont fait l'objet d'une délégitimation, alors qu'on les qualifiait de meurtriers de Jésus, affirmant par cela qu'ils méritaient d'être punis pour crime de déicides. En tant que tels, ils n'ont pas eu le droit à une protection prévue par la loi telle qu'accordée à d'autres. Cette délégitimation a donné lieu à des déportations et à des pogroms. Le premier pas institué par l'Allemagne de Hitler dans le cadre de sa campagne contre les juifs allemands fut de les délégitimer en niant leurs droits civils, en les licenciant de postes gouvernementaux et universitaires, et en leur interdisant de se livrer à leurs professions. Plus tard, sont arrivés la confiscation de bien, le boycott et autres sanctions économiques, les déportations, les ghettos, les exécutions de masse et les chambres à gaz.

 

La campagne de "Boycott, Désinvestissement et Sanctions" contre Israël représente une tentative flagrante de délégitimiser d'état juif. Le mot délégitimation est omis, de manière moralisatrice, des initiales du BDS mais constitue sans aucun doute la base et l'ultime objectif de cette campagne.  Cela signifie-t-il que tous ceux qui prêtent leur soutien à cette campagne destinée à délégitimiser l'État d'Israël sont antisémites ?  Ses leaders et nombreux d'entre ceux qui le promeuvent le sont, et ils sont rejoints par les gens que Lénine qualifiait d' «idiots utiles»,  qui sont persuadés qu'ils ne font que prêter leur soutien à une protestation contre une certaine politique du gouvernement israélien, «l''occupation israélienne» de la Judée –Samarie.

 

Peut-on supposer que si Israël se retirait de la Judée-Samarie, ils deviendraient des supporters enthousiastes de l'état juif ? Ou qu'ils continueraient à soutenir le BDS, à    protester contre la manière dont Israël traite les bédouins, contre le statut des citoyens arabes en Israël, ou tout autre politique d'action du gouvernement israélien qui n'est pas à    leur goût? Ils ont suffisamment de plaintes contre Israël, qui, selon eux, doit recevoir des dictats par le biais du boycott, du désinvestissement et de sanctions… Lire la suite.