Tribune
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Publié le 12 Juin 2012

Les ambassadeurs arabes retirent le prix du Roman Arabe à Boualem Sansal

Par Jean-Pierre Lledo

 

Ce nouvel et triste épisode en dit long sur l'état du Monde arabe. Et notamment sur la liberté de pensée des artistes et des intellectuels dont la grande majorité n'élèvera naturellement pas la moindre protestation. La cause ? Boualem Sansal avait décidé de se rendre à l'invitation du dernier Festival international des Ecrivains à Jérusalem, il y a quelques semaines. 

D'abord parce qu'il considérait qu'il n'avait pas à obéir à ses gouvernants. Ensuite parce qu'il avait la conviction qu'il faisait ainsi progresser l'idée de Paix dans cette région, beaucoup mieux que ceux qui s'obstinent, au mépris de la réalité, à nier l'existence d'un pays et d'un peuple, jamais nommé autrement dans le monde arabe qu' ''entité sioniste''.

 

Le témoignage de l'écrivain après son départ - ''j'en suis revenu riche et heureux'' - et plus encore cette ubuesque dérobade des Ambassadeurs arabes, nous persuadent que Boualem Sansal avait mille fois raison d'entreprendre ce voyage.

 

La seule autorité politique a l'avoir condamné est le Hamas de Gaza. Même l'Autorité palestinienne n'en avait dit mot.

 

Le Monde arabe devenu islamiste va-t-il se mettre aux ordres du Hamas ?

 

Le Monde arabe méprisant autant ses citoyens, et ce dès la ''belle''' époque du nationalisme policier, qu'il s'agisse de la politique intérieure ou extérieure, les citoyens arabes, et peut-être européens, pourront ainsi se demander si la Paix au Moyen-Orient ne serait pas au bout ... de la démocratie.

 

Ce qui avouons-le, après son basculement général dans l'islamisme, idéologie totalitaire et guerrière s'il en est, n'est pas pour demain.

 

J'appelle mes collègues arabes et algériens à réagir.

 

Au moins ceux qui ne résident pas dans le monde arabe.

 

En rappelant que Boualem Sansal, lui, vit en Algérie.

 

Et je salue Olivier Poivre d'Arvor en espérant que son acte donnera à réfléchir à une intelligentsia européenne qui malgré l'atroce réalité du quotidien arabe, se complait  dans un Orient fantasmé.

 

Jean-Pierre Lledo, cinéaste (dont le dernier film ''Algérie, histoires à ne pas dire'' est toujours interdit en Algérie depuis 2007), mardi 12 Juin 2012