Tribune
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Publié le 30 Janvier 2014

Les dieudonnistes crachent aussi sur les tombes

Tribune de Benoît Rayski, historien, écrivain et journaliste, publié sur Atlantico le 29 janvier 2014

 

Ils ont apposé leur signature sur un symbole. Histoire de s'échauffer avant la manif du Jour de colère.

 

Il y a de cela 70 ans, le 22 février 1944, 23 résistants furent fusillés à l'issue d'un procès resté célèbre (une femme, la 24e condamnée, fut envoyée en Allemagne pour y être décapitée). Le gouvernement de Vichy assura leur gloire posthume avec une affiche connue sous le nom de l'Affiche rouge. Il y était question, avec leurs photos, de "l’armée du crime" et ils étaient qualifiés de "judéo-communistes". Presque tous étaient juifs. Mais pas tous, puisque parmi eux il y avait des Arméniens (dont leur chef Missak Manouchian), des Espagnols et des Italiens.

C'est, dira-t-on, une vieille, très vieille histoire. Ce n'est pas faux. Mais ce n'est pas une vieille histoire pour tout le monde. En effet, des mains sales sont, il y a quelques jours, venues taguer la fresque à la gloire de Manouchian qui figure passage du Surmelin dans le 20e arrondissement. Juste deux mots : "shoah nanas". "Shoah nanas" est aux admirateurs de Dieudonné ce que le "Ugh" est aux Peaux-rouges dans les vieux westerns, ce que le "youkaïdi youkaïda" représente pour les scouts traditionnels et ce que (rapprochement plus cohérent) "Heil Hitler" fut aux nazis.

 

"Shoah nanas" n'a pas fait la une des médias. Contrairement au tag, présenté comme "odieux", affublant José Anigo, l’entraîneur de l'OM, du qualificatif "mafioso". Cris d'indignation, protestations outrées. C'est que c'était tout nouveau tout beau. La fraîcheur de la nouveauté ! Alors qu'un tag antijuif s'inscrit dans une tradition millénaire. Et que cette haine est tellement répétitive qu'elle finit par lasser par sa monotonie et relève de la banalité du mal à laquelle on ne fait plus attention… Lire la suite.