Tribune
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Publié le 10 Mai 2012

Les perdants de l’accord Likoud-Kadima

Par Gilles Finzi pour Guysen

 

Le coup d’éclat politique de Benjamin Netanyahu, mercredi 9 mai 2012, aura eu le mérite d’apaiser les inquiétudes au sein de plusieurs partis. En formant la plus large coalition de l’Histoire de l’État d’Israël, en unissant Likoud et Kadima, le Premier ministre israélien a évité une périlleuse redistribution des cartes lors d’élections anticipées qui s’annonçaient pour début septembre.

Si c’est Kadima, qui semble avoir été sauvé d’un naufrage certain, qui sort avec le Likoud grand gagnant de la manœuvre, d’autres partis n’ont pas eu d'autre choix que de se résoudre à l’accord qui maintient l’actuelle Knesset, a priori, jusque fin 2013.

 

Tous les regards se tournent bien sûr vers deux partis, qui jusqu’ici pouvaient se targuer de faire la pluie et le beau temps au sein du gouvernement : Shass, et Israël Beitenu.

 

Avec le poids nouveau des 28 députés de Kadima, ils ne pourront plus menacer de faire tomber la coalition. Benjamin Netanyahu réduit ainsi sa dépendance à l’égard de partenaires certes conciliants, mais exigeants.

 

Désormais hors de position de faire pression, ces deux partis de droite s’estiment du coup heureux de conserver des postes ministériels, alors que les sondages leur prédisaient, à eux aussi, la perte de plusieurs sièges à la Knesset. Même constat pour Yahadut HaTorah, sans parler d’un Ehud Barak, dont le poids de son micro-parti Atsmaouth, est insignifiant.

 

Pour Benjamin Netanyahu en revanche, il s’agit d’une démonstration de force. Au plus haut dans les sondages, et plébiscité pour son action et son aura par les Israéliens, le Chef du gouvernement voit son influence on ne peut plus renforcée. Il contrôle plus que jamais la coalition, et ne craint pas l’éventualité d’élections anticipées si le nouveau Gouvernement s’avérait instable.

 

La stabilité, c’est d’ailleurs le mot d’ordre, de Benjamin Netanyahu. Il affirme avoir mis sur pied cette nouvelle équipe, pour doter Israël d’une assise ferme, face aux défis en tous genres qui l’attendent.

 

Shaul Mofaz, de son côté, assure la survie politique au moins provisoire de Kadima, un parti dont il vient de prendre le leadership à Tsipi Livni, et obtient une place au sein du très stratégique cabinet restreint de sécurité. De quoi faire dire à certains que l’arrivée de cet ancien Chef d’État-Major de Tsahal renforce le sentiment d’imminence d’une importante opération, comme par exemple une intervention en Iran.

 

Autres grands perdants du deal, les travaillistes, qui espéraient gagner des sièges à la Knesset, en cas d’élections anticipées et qui se retrouvent de facto à la tête d’une mini-opposition en lambeaux. Mais aussi le tout nouveau mouvement de Yaïr Lapid, contraint d’attendre 1 an et demi dans l’opposition, sans le moindre député, de quoi diluer nettement l’effet « nouveauté » lors du prochain scrutin.

 

Une chose est sûre : c’est une leçon de réalisme politique que vient d’infliger Benjamin Netanyahu à tous ses adversaires.