Tribune
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Publié le 18 Juin 2014

Les premières victimes du conflit syrien en Europe

Par Olivier Guetta, Directeur de recherche au sein du Thinktank britannique ‘The Henry Jackson Society’, publié dans le Huffington Post le 16 juin 2014

L'Europe vient de connaitre malheureusement le premier cas d'un djihadiste revenu de Syrie qui a commis un attentat terroriste sur le continent. En effet, le principal suspect dans l'affaire de la fusillade au musée juif de Bruxelles le 24 mai, qui a fait quatre morts est revenu de Syrie il y a quelques semaines seulement. Ceci ne pourrait être que le début d'attaques perpétrées sur le sol européen par des djihadistes revenant de Syrie.

Cet événement marque le début du retour de la première génération de djihadistes européens en Syrie, qui en nombre est bien inférieure à la deuxième.

Mehdi Nemmouche, 29 ans, originaire de Roubaix, a été appréhendé à Marseille le 30 mai, à bord d'un bus en provenance de Bruxelles. L'homme était en possession d'une kalachnikov portant les inscriptions du groupe djihadiste de l'"Etat islamique en Iraq et au Levant" -le groupe le plus radical actuellement actif en Syrie-, d'un revolver, et d'une vidéo dans laquelle il avoue être l'auteur de la tuerie à Bruxelles. Les autorités allemandes avaient averti leurs collègues français du retour du djihadiste. S'il n'avait pas été arrêté, tout porte à croire qu'il aurait commis une série d'attentats comme son héros Mohamed Merah l'avait fait auparavant.

Il est primordial de constater que les démantèlements de cellules djihadistes se sont accélérés depuis le début de l'année, surtout en France et en Espagne. Le Ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a annoncé lundi 2 juin que quatre Français ayant des liens avec des filières djihadistes ont été arrêtés. Ceci fait suite à l'arrestation le 13 mai de six jeunes strasbourgeois, soupçonnés de s'être rendus en Syrie pour y mener le djihad, recrutés via les réseaux sociaux. Ces arrestations sont survenues trois semaines après que Bernard Cazeneuve ait annoncé le plan du gouvernement pour lutter contre les départs au djihad.

En ce qui concerne l'Espagne, deux cellules de recrutement ont été démantelées dans les deux derniers mois. L'une, le 30 mai, envoyait des jeunes combattre au Mali et en Libye (au total 26 terroristes auraient été envoyés), depuis l'enclave espagnole de Melilla. Selon les services de sécurité espagnols, cette cellule avait des ramifications dans de nombreux pays comme la France, la Belgique, et la Syrie. En mars dernier, le Maroc et l'Espagne avaient démantelé une cellule de recrutement qui envoyait des djihadistes au Mali et en Syrie (50 djihadistes auraient été envoyés).

Le parcours de Mehdi Nemmouche illustre la menace sécuritaire quant au retour potentiel de djihadistes européens qui combattent en Syrie. Tandis que certains groupes tels que le Collectif contre l'islamophobie en France rejettent ce phénomène, l'attribuant à une islamophobie rampante sur le continent, les faits viennent de prouver le contraire. Il ne s'agit malheureusement pas d'hystérie ou de crier "au loup", mais plutôt de faire face à la menace sécuritaire que posent ceux qui se considèrent comme des "combattants de la liberté". Les services de sécurité européens sont sur les dents depuis des mois, et ce risque d'attaques hante leurs nuits… Lire la suite.