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Le régime de Metaxas
En 1936, le général Metaxas s'appuya sur le rejet du parlementarisme pour instaurer une dictature très inspirée par les fascismes balkaniques et italiens, mais assez peu par le national-socialisme allemand. En réalité, le régime brutal de Metaxas comptait plus sur l'appui de Londres que sur celui de Berlin ou Rome. Mussolini, du reste, finit par envahir la Grèce devant le refus du général de faire de son pays un Etat client de l'Italie.
L'occupation
L'occupation du pays de 1941 à 1944 sonne la véritable naissance du fascisme grec. Sous la protection des Allemands fut établi un « Etat hellénique », pendant exact de l'Etat français vichyste. Comme en France, plusieurs politiciens d'avant-guerre se rallièrent à la collaboration, comme Ioannis Rallis, dernier dirigeant de cet Etat fantoche. L'Etat hellénique eut fort à faire avec les différents mouvements de résistance grecs, notamment l'EAM pro-communiste. En 1943, Rallis fonda les « Bataillons de sécurité », véritable armée pro-nazie formée de Grecs et qui s'est illustrée par des massacres et des destructions durant les mois qui ont précédé la libération.
L'après-guerre
Après le départ des Allemands, la Grèce est passée sans pause de la lutte pour la libération à la guerre civile entre le gouvernement pro-britannique et les résistants communistes. Officiellement, les « bataillons de sécurité » sont démantelés et Rallis est condamné à de la prison à vie. En réalité, il n'y a pas eu d'épuration en Grèce et le gouvernement s'est appuyé dans sa lutte contre les Communistes sur les membres des anciens bataillons de sécurité et les cadres du régime collaborationniste. Dans un récent ouvrage, Joëlle Fontaine montre très bien le rôle de ces collaborateurs dans les premiers moments de la guerre civile et l'impunité dont ils bénéficièrent. Dans les années 1950, il était courant de voir les anciens résistants en prison et les anciens collaborateurs en liberté.
Les années 1950 et 1960
Le régime semi-démocratique des années 1950 et 1960 s'appuyait du reste souvent sur les groupes d'extrême droite pour faire pression sur la gauche et empêcher cette dernière de revenir au pouvoir. L'armée semblait alors gangrenée par des éléments fascistes. La situation apparut au grand jour lorsque le député de gauche, Georges Lambrakis, fut assassiné par des groupes fascistes dans les rues de Thessalonique le 27 mai 1963. Le livre de Vassilis Vassilikos « Z », repris à l'écran par Costa Gavras, rend bien alors l'atmosphère de l'époque et les liens troubles entre l'Etat, l'armée et les groupes fascistes.
Les colonels
En 1967, devant la désintégration du système politique grec, une junte de colonels prend le pouvoir. L'influence de l'extrême-droite est d'abord limitée, puis croît. En novembre 1973, la révolte des étudiants de l'Ecole polytechnique d'Athènes provoque la radicalisation d'un régime qui se libéralisait peu à peu. Le nouvel homme fort du régime, c'est Dimitrios Ioannidis, un dur qui intensifie la répression avec un groupe de jeunes militaires très nationalistes. En juillet 1974, devant le désastre économique du régime, Ioannidis organise un coup d'Etat pro-grec à Chypre, ce qui déclenche l'intervention turque. Le désastre militaire qui suit mettra fin à la dictature des colonels.
Double héritage
Dans les années 1990, certains politiciens, dont Antonis Samaras, ont flirté avec le nationalisme, notamment sur la question macédonienne. Mais c'est avec l'Aube Dorée que l'extrême-droite est revenu sur le devant de la scène. Et ce parti s'est toujours revendiqué de l'héritage de ce régime des colonels qui aurait « sauvé » la Grèce du régime des partis et de l'influence de l'impérialisme. Mais ce régime trouve lui-même ses sources dans la période trouble de l'après-guerre où l'extrême-droite jouait le rôle de soutien au régime pro-occidental. C'est cette tradition longtemps oubliée par les Grecs eux-mêmes après 1974 qui remonte aujourd'hui à la faveur de la crise financière et économique que traverse le pays.
Pour aller plus loin : Les leçons de l'histoire grecque