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Cette visite aura-t-elle un impact sur l’image d’Israël à l’étranger ?
Le simple fait de dire que le Pape est en visite en Israël est de toute première importance pour la hasbara israélienne, ou l’éducation politique. Samuel Huntington parlait, il y a 20 ans, du choc des civilisations. Je pense que les ressortissants des pays où prévalent l’Etat de droit, la liberté et une profonde croyance en Dieu, doivent revenir sur les lieux où tout a commencé. Nous croyons également que le tourisme en général et la visite du Pape en particulier constituent un pont pour la compréhension entre les peuples de différentes langues et religions. Son séjour ici va certainement apporter une pierre à l’édifice. Un des aspects de son voyage, et non des moindres, est en fait la rencontre historique entre le Pape et le patriarche œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople, une réplique de la réunion qui a eu lieu il y a 50 ans, en 1964, entre leurs homologues de l’époque. Je voudrais aussi lui faire découvrir notre démocratie. Les différentes communautés de notre pays, les groupes ethniques et les différentes religions. Contrairement à ce qui se passe autour de nous, nous vivons tous les uns avec les autres, en bonne intelligence. En Israël, nous sommes juifs bien sûr, mais nous avons aussi des musulmans, des Druzes, des Chrétiens, des Circassiens, des Bédouins. Et malgré les nombreux problèmes que nous rencontrons dans ce pays et les tensions auxquelles il nous faut faire face, le niveau de vie continue à augmenter. Nous comptons aussi à notre actif des réalisations importantes dans de nombreux domaines.
Parallèlement, les chrétiens ont de réelles difficultés au Moyen-Orient : ils sont persécutés par de cruels extrémistes musulmans. Voyez ce qui se passe en Irak, en Syrie et au Liban. Le Liban était un Etat chrétien. Voyez l’Egypte, même après la chute du régime Morsi, celui des Frères musulmans. Aujourd’hui encore on assiste à des émeutes au cours desquelles des églises coptes sont mises à feu. Il y a trois ans, l’Irak comptait encore 2,5 millions de chrétiens : il en reste aujourd’hui moins d’un demi-million. A Bethléem, où le Pape va donner une messe, jusqu’en 1993, quand la ville était encore sous contrôle israélien, c’était une communauté à majorité chrétienne à plus de 80 %. Aujourd’hui, ce chiffre est inférieur à 25 %, certains disent même 20 %. A Ramallah, il ne reste presque plus de chrétiens. Pareil dans la bande de Gaza. C’est un problème majeur. Notre objectif est de montrer au Pape que nous sommes un pays différent au Moyen-Orient, un pays où prime l’Etat de droit. L’un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés à l’étranger, c’est que la plupart de ceux qui viennent en Israël, ou qui ne viennent pas, nous perçoivent comme la Terre Sainte. Mais ils ne font pas toujours le lien entre la Terre Sainte et Israël, ou entre Jérusalem et Israël. C’est un problème majeur pour le tourisme ici. C’est aussi un problème politique, auquel nous ne nous sommes pas encore attelés… Lire la suite.