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Iran : la « marionnette Rohani », l’occident et la bombe
Le Guide de la révolution, Ali Khamenei, a réussi le coup de maître, tout en gardant le vrai pouvoir, de faire élire un Président de la République Islamique, Hassan Rohani qui a tous les atouts pour calmer à la fois la population mise à mal par les sanctions et deux mandats d’Ahmadinejad, ainsi que les occidentaux. Ces derniers qui n’ont pas montré jusqu’à présent beaucoup de détermination pour faire face aux réalités du dossier nucléaire qui avance à grand pas et aux conséquences d’un Iran détenteur d’un armement atomique, préfèrent laisser du temps au nouveau Président, espérant qu’avec lui les choses vont changer.
Pourtant, le temps, c’est ce qui semble le plus manquer dans ce dossier. Si les USA, les européens et Israël divergent sur la date d’atteinte du seuil de non-retour, tous par contre, se sont rendus à l’évidence que ce programme nucléaire n’avait plus rien de civil. Et combiné à l’acquisition de missiles balistiques de technologie nord-coréenne, il représente une vraie menace stratégique bien au-delà du seul Golfe persique.
Pour enrayer sa progression, outre les négociations et les sanctions, des actions de sabotage sur le terrain et à l’étranger, combinées, à des éliminations d’ingénieurs atomistes, et à la cyber-guerre, bien que non revendiquées, ont été mises en œuvre. Cependant, si ces actions ont ralenti de manière significative l’avancée du programme nucléaire, cela ne l’a pas stoppé pour autant. Les iraniens ont trouvé des parades efficaces et attaquent à leur tour dans le cyberespace, ou par supplétifs interposés, continuant leur marche forcée vers l’autonomie nucléaire et la bombe.
Les frères ennemis : L’Autorité palestinienne (AP) et le Hamas
Une « réconciliation » qui n’en finit pas entre le Hamas à Gaza et le Fatah gouvernant l’AP en Cisjordanie, une perte de crédibilité auprès des donateurs par une incapacité à se doter d’une gouvernance transparente, une classe politique qui désespère ses concitoyens, et un processus de paix qui n’avance pas, tels sont les éléments clé du dossier. Malgré la reconnaissance à l’UNESCO puis à l’Assemblée générale de l’ONU, et la mise en place, par l’ancien Premier Ministre Salam Fayyad, d’institutions pouvant servir de base à un futur Etat, l’AP navigue à vue et son économie est exsangue. Mahmoud Abbas, le Raïs palestinien en fin de course, a usé deux premiers ministres qui ont dû jeter l’éponge par manque de pouvoir leur permettant d’agir efficacement en tant que chef de l’exécutif. Le dernier, Rami Abdallah, a démissionné après à peine trois semaines. A ce jour, Abbas n’ayant pas préparé sa succession, il est à craindre que la lutte pour le fauteuil présidentiel soit âpre et risque de plonger l’AP une fois de plus dans la tourmente.
Quant à l’étroite bande côtière, le Hamas a expérimenté ce qu’il en coute de suivre aveuglément les ordres de Téhéran en déclenchant des conflits contre Israël. Sa survie n’a tenu qu’au fait, que l’Etat Hébreu préfère un Hamas affaibli au vide laissé par un « Mouvement de résistance islamique » vaincu. De plus, ce dernier va de désillusion en désillusion. Non seulement, il n’a pas obtenu les gains escomptés lors de l’accession au pouvoir des Frères musulmans en Egypte, mais il doit désormais faire face à une opposition armée, le Djihad islamique qui a pris sa place auprès de l’Iran. Car c’est le « Djihad » qui désormais tire des roquettes sur les villes israéliennes, et c’est le Hamas qui tente de faire régner l’ordre.
Aujourd’hui, il faut bien se rendre à l’évidence que la crise syrienne avec ses atrocités quotidiennes, et l’instabilité régionale, ont reléguées au second plan, à la fois chez les « frères arabes » et dans la conscience occidentale le problème palestinien, ce qui ne va pas aider à faire avancer le dossier.
Israël, « oasis de stabilité » ?
Seule démocratie au Proche-Orient, mais dont la légitimité dans la région a constamment été remise en cause, Israël, après des années de dépendance, vient d’accéder au rang de pays producteur d’hydrocarbures, gaz offshore, mais également pétrole et gaz de schiste. La taille des gisements est telle que cela permettra non seulement de couvrir les besoins énergétiques pendant des dizaines d’années, mais également l’exportation. Si cette découverte a favorisé des rapprochements avec Chypre pour une exploitation commune, avec la Grèce, ou encore la Russie pour la distribution. Cela a également exacerbé les tensions avec la Turquie revendiquant les gisements chypriotes, ou encore avec le Liban qui a contesté le tracé des frontières maritimes. Cette manne est évidemment bienvenue pour renforcer une économie dont une part importante est dédiée au budget militaire. L’Etat Hébreu a dû faire face à six guerres avec ses voisins, dont seulement deux ont signé des traités de paix qui sont aujourd’hui menacés du fait de l’instabilité régionale.
La deuxième guerre du Liban, provoquée à l’insu du gouvernement du pays du cèdre par le Hezbollah, a changé les équilibres stratégiques et les relations d’Israël avec ses voisins arabes. Ces derniers, comptant de fortes minorités shiites en leur sein, souvent source de tensions, redoutent l’hégémonie perse et une déstabilisation via un arc Chiite allant de l’Iran jusqu’à la Méditerranée. De plus, avec « le précédant égyptien du lâchage de Moubarak », les monarchies pétrolières sunnites ne peuvent plus compter de manière absolue sur les USA pour assurer leur pérennité. Aussi, voient-elles désormais en l’Etat Hébreu un allié de fait qui partage les mêmes préoccupations et la seule puissance capable de s’opposer à l’Iran et par conséquent de garantir la stabilité régionale.
Après l’élection du nouveau Président iranien Rohani, Jérusalem comme plusieurs de ses voisins, n’a pas partagé l’optimisme affiché par la plus part des capitales occidentales. Etant directement plongé dans la réalité Moyen-orientale, contrairement aux européens, et n’étant pas convaincu d’un changement de cap, Israël vient d’organiser des exercices militaires imposants et à un rythme inaccoutumé, simulant des attaques sur plusieurs fronts. Faut-il les interpréter comme un prélude à une attaque des installations nucléaires iraniennes qui pourraient avoir lieu dès cet été, ou comme un avertissement au régime des Mollahs ainsi qu’à ses alliés de ce qu’ils leur en couterait s’ils poursuivaient leur politique insensée ? Certains n’en sont plus à se demander s’il y aura une attaque mais quand elle aura lieu, pourquoi pas dès cet été, d’autant plus que les milieux autorisés ont laissé filtrer que les israéliens disposeraient de bombes anti-bunkers efficaces contre installations nucléaires souterraines.
N’est-il pas pire de ne rien faire ?
De manière paradoxale, devant ce tableau apocalyptique de la situation, on en vient presque à penser qu’il serait pire de ne rien faire, plutôt que d’intervenir pendant qu’il est encore temps en donnant un coup de frein à la politique de déstabilisation généralisée orchestrée par l’Iran et les groupes djihadistes. Leur laisser croire qu’ils sont les seuls à pouvoir dicter l’agenda de la région, ainsi que de faire et défaire les régimes, ne peut que mener à la catastrophe. De même qu’il est illusoire de croire que l’on pourra longtemps canaliser ces conflits au seul Moyen-Orient. Par effet domino, cette crise finira immanquablement par s’inviter sous nos latitudes, sous une forme ou une autre. Il n’est qu’à penser au retour des djihadistes étrangers dans leurs pays d’origines ayant acquis une solide expérience du combat et pouvant se reposer désormais sur des réseaux organisés.