Tribune
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Publié le 20 Novembre 2013

Nucléaire iranien: qu'attendre des pourparlers?

Par Arnaud Castaignet, communicant et analyste en politique internationale, Vice-président du think tank « Youth Diplomacy »

 

Beaucoup ont désigné la France comme la responsable numéro un de l'échec des pourparlers de Genève entre l'Iran et le groupe P5 +1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU + l'Allemagne), le 10 novembre dernier. Pendant quelques jours, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s'est trouvé sous le feu des critiques, l'intransigeance française n'ayant été saluée principalement que par la droite américaine(John McCain, notamment) et le gouvernement israélien.

Alors que les négociations se poursuivent en coulisses et que François Hollande a précisé les exigences de la France pour la signature d'un accord, que faut-il attendre ce mercredi des pourparlers? Un accord est-il, cette fois, possible et surtout souhaité par les différentes parties?

 

Des négociations qui durent depuis déjà 10 ans

 

Si la forme a été amplement dénoncée (le ministre français des Affaires étrangères a, par exemple, été accusé de court-circuiter Catherine Ashton), le fond est conforme à la position française des dix dernières années. En 2003, Dominique de Villepin et Joschka Fischer, alors chefs des diplomaties française et allemande, ont été les premiers à demander une négociation avec l'Iran au sujet de la question du nucléaire, car ils soupçonnaient Téhéran de vouloir violer le Traité de Non-Prolifération en développant une bombe atomique. Dix ans de discussions, de sanctions économiques et de poker menteur nous ont amenés à la situation actuelle.

 

Entre-temps, plusieurs initiatives diplomatiques ont été proches d'aboutir. En 2003, lorsque Hassan Rohani était d'ailleurs le négociateur en chef sur le dossier nucléaire, l'Iran avait accepté, au moins temporairement, de suspendre l'enrichissement de l'uranium et un régime d'inspection des installations nucléaires plus ferme. En mai 2010, le plan turco-brésilien signé par l'Iran prévoyait l'échange de 1200 kg d'uranium iranien faiblement enrichi contre du carburant pour un réacteur destiné à la recherche.

 

Les puissances occidentales et Israël l'ont cependant accueilli avec scepticisme, car il ne prévoyait pas de mettre un terme immédiat au programme d'enrichissement et parce qu'il arrivait juste avant un nouveau train de sanctions économiques votées le 9 juin par le Conseil de Sécurité de l'ONU contre l'Iran (la résolution 1929).

 

Durant ces dix années, l'attitude de Paris a toujours été constante: la France est l'un des pays occidentaux les plus durs contre l'Iran et les entreprises qui se risqueraient sur le marché iranien ne sont pas vraiment aidées… Lire la suite.