Tribune
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Publié le 27 Novembre 2012

Où en sont les Palestiniens aujourd’hui ?

 

Par le Dr Zvi Tenney, ancien ambassadeur d’Israël

 

À la veille de la tentative palestinienne d’obtenir  le statut d’État non membre à l’ONU, il est important de souligner et de faire constater à tout observateur  objectif  qu’aujourd’hui  la moitié des territoires palestiniens, la bande de Gaza, est sous le contrôle du mouvement terroriste Hamas, et que l’autre moitié, la Cisjordanie, est, pour ce qui est des zones A et B, sous celui d’un leader , Mahmoud Abbas qui use de toutes les manoeuvres possibles pour éviter des négociations directes auxquelles Israël ne cesse de l’inviter.

 

 On peut comprendre qu’étant donné cette division croissante entre Hamas et Autorité palestinienne, entre Gaza et la Cisjordanie, Mahmoud Abbas ne peut revenir à la table des négociations comme représentant de tous Palestiniens  pour parvenir à l'établissement d'un État. Ceci d’autant plus que  les grandes institutions financières estiment que les infrastructures palestiniennes ne permettent pas la création d'un état viable.

 

Pour essayer de faire face à cet état de fait qui cause une déception grandissante des Palestiniens, Mahmoud Abbas s’est donc engagé dans une guerre contre Israël par la voie de la diplomatie : obtenir le statut d’État observateur non membre à l’ONU lui permettant surtout de poursuivre Israël pour ses "crimes"  devant les juridictions internationales. 

 

Mais on est évidemment en droit de se demander  de quel État palestinien s’agit-il ?

 Les spécialistes en droit international nous font remarquer que selon la Convention  de Montevideo de 1933 sur les droits et devoirs des États (reconnue comme part du droit international coutumier), un État en tant qu'entité du droit international doit posséder les éléments suivants :

-une population permanente,

-un territoire défini,

-un gouvernement unique et fonctionnel,

-la capacité d'entrer en relation directe avec les autres états.

 

Ces conditions sont à la rigueur  remplies par la bande de Gaza séparément ou une partie de la Cisjordanie (les zones  A et B),  séparément, mais certainement pas par l’État imaginaire que veulent soumettre les Palestiniens à l’ONU. Un soi-disant Etat  qui comprendrait la bande de Gaza, toute la Cisjordanie y compris la zone C (contrôlée selon l’accord d’Oslo par Israël) ainsi que Jérusalem. Cet État imaginaire que les Palestiniens voudraient soumettre à la reconnaissance de l’Assemblée de l’ONU  n’ayant ni un gouvernement fonctionnel ni un territoire défini et reconnu, ne répond  donc d’aucune manière aux conditions de la loi internationale.

 

 Il est clair par conséquent que cette démarche palestinienne à l’ONU,  même si elle aboutissait, ne changera en rien la  vie quotidienne des Palestiniens. Elle ne leur causera en fin de compte  que frustration et désillusion, surtout devant la possibilité qu’Israël puisse décider de prendre à son tour des mesures unilatérales.

Cela ne pourra qu’attiser dangereusement les passions au risque de provoquer chez eux un relent de violences ce qui serait dévastateur, compte tenu de la situation très fragile de l’Autorité palestinienne  qui vient d’être confrontée à une vague de contestation sociale.

 

Les pays occidentaux et même ceux du groupe des "non alignés", devraient donc réfléchir par deux fois avant de soutenir la démarche palestinienne à l’ONU qui, en fin de compte, va à l’encontre de  l’objectif souhaitable  de parvenir à l'établissement d'un État palestinien au côté de l’État d’Israël, objectif  qui ne peut être obtenu que par la voie de négociations directes.

 

Zvi Tenney