Tribune
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Publié le 13 Juillet 2016

#Opinion - Retour sur les violences antisémites (de l’été 2014) en France : rétrospective et mise en perspective historique, par Marc Knobel

Retour sur le déchaînement de haines antisémites qui s’est produit l’été 2014, en France.

Publié dans le Blog de Marc Knobel, historien, Directeur des Etudes au Crif

Le 13 juillet 2014, à Paris, rue de la Roquette, avec une violence inouïe, une centaine de jeunes, portant pour beaucoup les couleurs du Hamas ou le drapeau palestinien, tentent d’attaquer et d’investir la synagogue qui se trouve dans cette rue. Mais ils sont repoussés par les CRS présents sur place.  
 
Que dire ?
 
Face au conflit israélo-palestinien, chacun éprouve de l’empathie pour telle ou telle partie et des manifestations ont lieu. Mais elles sont, le plus souvent, organisées par les militants pro palestiniens. Si la majorité d’entre eux ne provoque pas de trouble, la tension est cependant presque toujours palpable dans les cortèges (cris, hurlements…), depuis l’année 2000. Dans ces manifestations, les slogans les plus outranciers sont scandés. Mais il y a aussi ces cris de « Mort aux Juifs », des étoiles de David identifiées sur les banderoles à la croix gammée et ces maquettes de roquettes Qassam brandies par les militants cagoulés. Et, pour certains, l’objectif réel est de défendre le Hamas ou le Hezbollah. Pis, des dérapages ont lieu, œuvre de casseurs qui veulent en découdre avec les forces de l’ordre ou œuvre de jeunes paumés, de provocateurs antisémites et islamistes, entraînant des heurts violents avec la police. Nous proposons donc dans cet article un retour sur un été mouvementé, l’été 2014, sur fond de violences antisémites.
 
Le Président condamne les violences
 
Première réaction : « le conflit israélo-palestinien ne peut pas s’importer », déclare François Hollande, au cours de l’interview télévisée du 14 juillet. « Il ne peut pas y avoir de dérives et de débordements, d’intrusion ou de volonté d’intrusion dans des lieux de culte, que ce soient des synagogues comme cela s’est passé hier, mais je dirais la même chose pour des mosquées, des églises, des temples », souligne le chef de l’Etat. « L’antisémitisme ne peut pas être utilisé parce qu’il y a un conflit entre Israël et la Palestine », ajoute le Président. Dans un communiqué, le Premier ministre, Manuel Valls, condamne lui aussi et « avec la plus grande fermeté » les « violences » qui ont eu lieu « aux abords des synagogues ». « De tels actes qui visent des lieux de culte sont inadmissibles », assure Valls. Après une rencontre avec les organisations juives, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, demande  aux préfets de « redoubler de vigilance » et d’interdire les manifestations en cas de « risques avérés de troubles à l’ordre public ».
 
Des événements d’une extrême gravité
 
Roger Cukierman, le Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), se déclare « inquiet » et « choqué » par cet « événement d’une gravité extrême ». « On est dans un climat antisémite jamais vu », juge-t-il, évoquant une « rupture du pacte républicain ». Le CRIF demande l’interdiction de ce type de manifestation. « Si les autorités laissent faire, il n’y a pas de raison pour que ça ne s’amplifie pas », souligne M. Cukierman. « Il est absolument inadmissible que des familles en prière soient menacées physiquement et verbalement au sein d’un lieu de culte au seul motif qu’elles sont juives », réagit pour sa part le Consistoire dans un communiqué. Il dénonce « l’instrumentalisation systématique du conflit au Moyen-Orient par des groupes organisés et des soutiens aux mouvements terroristes djihadistes ». Comme en réponse, « interdire ce type de manifestation serait un remède pire que le mal », juge Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques. « Il ne faut pas confondre les violences individuelles et l’exercice de droits démocratiques », met en avant le patron de l’IRIS, pour qui le conflit israélo-palestinien est « déjà importé » en France. « Le vrai défi, c’est que cela reste cantonné au stade politique et qu’il n’y ait pas de violence de part et d’autre. » De part et d’autre ? Drôle d’affirmation... Lire l'intégralité.