- English
- Français
L'ennemi d'aujourd'hui n'est donc plus l'antique Platon, accusé par Popper d'être le précurseur du totalitarisme, ni Hegel, ni Marx, mais l'islamo-fascisme, dans sa double version soft ou hard; autrement dit, sous sa forme d'islamisme "modéré" ou de radicalisme terroriste, celui-là même qui vient de se frapper à Bruxelles.
Parce que d'essence théocratique, l'idéologie islamiste est par définition même totalitaire. Et ce totalitarisme, on le voit dans la prémisse fondatrice de tous les partis et organisations qui s'en réclament, d'Al-Qaïda à l'AKP, en passant par les Frères musulmans, le Hamas, le FIS ou Ennahda, à savoir que l'islam est Dîn-Dounia-Dawla (religion-temporalité État). Il est donc le radical inverse du christianisme, qui serait la religion de la dichotomie ontologique et irréductible du temporel et du spirituel.
C'est à partir des fausses prémisses qu'on arrive aux fausses conclusions. Ainsi, si le christianisme incarne l'amour et la tolérance, l'islam exprimerait la guerre et l'intolérance; le christianisme, c'est la civilisation et les lumières, l'islam c'est la barbarie et l'obscurantisme...Et c'est à partir de cette image que les musulmans donnent d'eux-mêmes que l'Occident a fini par admettre que, moyennant son endiguement dans ses propres limites géographiques, le totalitarisme vert est probablement une solution pour un monde arabe réfractaire à la modernité et allergique à la sécularisation. D'où l'invention du terme d'"islamisme modéré", qui condamne les sociétés arabes à la réclusion identitaire à perpétuité, en même temps qu'il consacre le triomphe du fascisme vert, subitement devenu fréquentable et même honorable.
Mais dans son abdication utilitariste et pragmatique, l'Occident oublie le troisième élément constitutif du fascisme vert, outre le totalitarisme et la théocratie. Il oublie ce à quoi il renonce précisément: l'universalisme humaniste. L'islamisme est, en effet, fondamentalement universaliste et prosélyte; sa vocation n'est pas seulement de gouverner les pays dits du "printemps arabe", mais d'étendre sa domination et son influence pernicieuse au reste du monde, à commencer par l'Europe, une citadelle à prendre, parce que "déchristianisée". Tant qu'il sévissait à l'intérieur de ses propres frontières, le national-socialisme était lui aussi fréquentable, au nom de la sacro-sainte realpolitik. On savait pourtant que sa "philosophie" était universaliste et sa géopolitique, expansionniste. Avec le fascisme vert, vivons-nous un Remake de l'esprit munichois?
Si ce totalitarisme vert a pu atteindre son apogée en Tunisie, en Libye, en Égypte et au Yémen, à la suite de l'effervescence révolutionnaire du "printemps arabe" pour laquelle certaines élites ont vibrionné, c'est à partir de l'Europe qu'il a tissé sa toile d'araignée, planté ses différents relais et constitué une force de frappe aussi redoutable qu'insaisissable. Plus exactement en Grande-Bretagne, en France et en Belgique, où l'international islamo-terroriste peut compter sur les milliers, si ce n'est les millions de nouveaux "damnés de la terre", prêts à tuer et à se faire tuer pour accéder au paradis d'Allah.
"Indigènes de tous les pays sous-développés, unissez-vous", écrivait déjà Sartre, dans sa préface au livre de Frantz Fanon, où le philosophe stalinien a cru bon de subvertir un hymne à la liberté et à la décolonisation par un appel au meurtre de l'Européen, pour ainsi "faire d'une pierre deux coups: supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé"!
Les islamo-fascistes n'ont pas besoin de lire la fatwa sartrienne pour mener leur guerre sainte. Un corpus coranique altéré et une tradition prophétique sclérosée, joints à la haine compulsive du Juif et du Chrétien, expliquent très largement leur prédisposition atavique à la martyrologie. C'est plutôt leurs avocassiers et thuriféraires, parmi l'intelligentsia politique et médiatique française, qui ont besoin des élucubrations sartriennes pour justifier au besoin leur philo-islamisme enrobé dans un tiers-mondisme aussi éculé que trompeur, mais qui n'est pas moins révélateur d'un racisme intrinsèque: eux c'est eux et nous c'est nous, on ne plaque pas notre modèle de civilisation "judéo-chrétienne" et nos paradigmes sur des sociétés "primitives" qui ont leur propre identité culturelle et qui sont à des années-lumière de nos Lumières ! Lire la suite.