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En 2009, Gilles Bernheim avait été élu Grand rabbin de France, la plus haute autorité morale du judaïsme. Il s'était alors engagé à représenter la communauté juive avec "un souci d'exemplarité". Son rôle : assurer le respect de l'orthodoxie juive, rendre les arbitrages religieux, visiter les synagogues et centres communautaires, édicter les règles alimentaires de la kashrout, assurer un enseignement régulier par ses ouvrages et ses prédications et militer contre l'antisémitisme. Autant de tâches dans lesquelles Gilles Bernheim était très apprécié.
Des qualités de pédagogue et d'orateur
Ses deux atouts : se prévaloir d'une parole progressiste et s'engager avec ferveur pour le dialogue entre religion. Bien qu'orthodoxe, Gilles Bernheim prônait un judaïsme ouvert et intégré à la société républicaine et laïque. Même si ces positions ouvertes sur l'euthanasie ou l'égalité homme-femme lui étaient reprochés par une partie des instances communautaires.
Reste qu'à chacune de ses conférences, le public était au rendez-vous. Il faut dire que Gilles Bernheim avait su développer des qualités de pédagogue et d'orateur, notamment lorsqu'il avait été rabbin des étudiants, puis des universitaire dans les années 1980. Entretenant de bonnes relations avec les responsables chrétiens et musulmans, il avait su se placer comme un personnage central de la scène religieuse en France.
Premier grand rabbin à se rendre à Vichy
Gilles Bernheim a aussi marqué par son combat contre l'antisémitisme. En avril 2010, il est le premier rabbin à se rendre à Vichy pour rendre hommage aux déportés et aux Justes. La même année, lors de la proclamation de l'ancien pape Pie XII comme vénérable de l'Église catholique romaine, le grand rabbin de France s'élève contre cette décision. "Compte tenu du silence de Pie XII pendant et après la Shoah, je ne veux pas croire que les catholiques voient en Pie XII un exemple de moralité", avait-il alors déclaré. Après les attentats contre une école juive à Toulouse, Gilles Bernheim a appelé à un "sursaut national contre l'antijudaïsme" en France.
Gilles Bernheim avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur en avril 2009 par Nicolas Sarkozy. Le président d'alors avait salué un homme qui "ne s'est jamais présenté comme un professeur de certitude". Avant d'ajouter: "Être à la fois orthodoxe, croyant et fasciné par le doute, c'est quelque chose...".