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Ces chiffres (389 actes répertoriés) sont en diminution d’environ 17% par rapport à ceux de l’année 2010 et on est heureusement bien loin des 832 actes décomptés durant l’année 2009, année tristement record, à la suite de l'opération Plomb durci dans la bande de Gaza.
Sans entrer ici dans une analyse approfondie des chiffres que tous les lecteurs retrouveront dans le rapport du S.P.C.J, je voudrai me livrer ici à quelques réflexions en forme de bilan sur les années écoulées et à la veille des élections de mai et juin 2012.
Il est incontestable – et d’ailleurs incontesté- qu’au cours de ces dernières années, des efforts importants ont été accomplis par l’ensemble des pouvoirs publics pour faire face à ce fléau, tant en ce qui concerne le recensement des actes, que les réponses policières et judiciaires à ces attaques.
Pour autant, et même si les chiffres de cette année vont dans la bonne direction, le chiffre de 389 actes répertoriés demeure une source majeure de préoccupation qui devrait continuer de préoccuper l’ensemble des acteurs politiques de notre pays.
En effet, en dépit de ces résultats et de ces efforts, force est de constater que si l’on fait une moyenne, il ne se passe pas une journée en France sans attaques antisémites, lesquelles comprennent une large gamme d'incidents : des insultes lancées en pleine rue à des individus visiblement juifs, au jet de bombes incendiaires et à la profanation de synagogues et de cimetières.
En second lieu, il me semble nous sommes entrés dans un système qui fait passer la réalité humaine au second plan : à force de mettre l’accent sur les chiffres, les statistiques et les bilans annuels, le risque est fort d’oublier que derrières toutes ces données se cachent des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent dans leur chair ou dans leur être pour la seule raison qu’ils sont juifs, avec toutes les répercussions que cela peut avoir, notamment en terme d’identité.
Par ailleurs, si l’on observe la géographie de ces actes, on s’aperçoit encore que bien souvent, ils surviennent dans des zones défavorisées, de sorte que nos coreligionnaires sont en quelque sorte victimes d’une « double peine » : comme tous les autres habitants ils vivent dans des quartiers où la violence et l’insécurité frappent, et en plus, ils sont victimes d’agressions spécifiques en raison de leur religion, sur le chemin de l’école ou de la synagogue.
Enfin, ce chiffre de 389 actes survient alors qu’aucun évènement majeur ne s’est déroulé au Proche-Orient, ce qui démontre d’une part que le mal est fortement ancré dans notre société, mais surtout laisse craindre le pire en cas d’embrasement en Israël.
Il semble qu’aucun candidat crédible à l’élection présidentielle n’ait la volonté de minimiser ce phénomène, ni de revenir en arrière en terme de suivi et de protection.
Pour autant, il paraît évident - et l’écrire en cette période de commémoration de la Libération d’Auschwitz prend tout son sens - que l’on ne fera jamais assez d’efforts dans la lutte contre l’antisémitisme.
Il faut encore accroitre les moyens existants pour faire en sorte que l’on revienne à un chiffre proche de zéro et que, pour reprendre l’expression de Nicolas Sarkozy, le drapeau français ne soit plus tâché par de tels actes.
C’est un vrai défi, et pour notre part, nous entendons bien interroger chaque candidat à la magistrature suprême sur ses idées et projets dans ce domaine.