Tribune
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Publié le 21 Octobre 2013

Quand le Front national découvre l'école

Par Natacha Polony        

 

Qui se rend compte à quel point l'émergence d'un collectif de professeurs affichant leur appartenance au Front national est un séisme dans l'univers déjà si malade de l'Éducation nationale? D'abord parce que des professeurs osant mettre en avant cette appartenance, même s'ils ne sont qu'une vingtaine, même s'il y a beaucoup d'universitaires, c'est en soi une révolution dans un milieu où la neutralité consiste à être de gauche, comme une évidence. Ensuite parce que la déclaration d'intention du collectif résume à lui seul toute l'évolution du Front national ces dernières années.

À l'été 2011, le site Internet du FN a connu un nettoyage en profondeur. Sa page consacrée à l'éducation est restée blanche pendant quelques semaines, avant d'afficher un programme tout neuf, que le collectif Racine reprend aujourd'hui. Bien sûr, ceux qui veulent se rassurer ne retiendront que la fin du collège unique. Et puisqu'il faut à tout prix retrouver de vieux schémas éculés, ils expliqueront qu'il s'agit d'envoyer les enfants d'ouvriers travailler dès 14 ans pour réserver l'école aux plus riches. Clivage droite-gauche bien défini, fermez le ban.

 

Mais le programme tout neuf du FN en matière d'éducation s'appuie justement sur la mort du clivage gauche-droite dans ce domaine, plus encore que partout ailleurs. Une défense des disciplines face aux expérimentations «transversales», un plaidoyer pour la reconnaissance et la valorisation du mérite, une formation des enseignants qui ne consiste plus seulement à leur apprendre à «gérer des situations», mais qui rappelle qu'ils doivent «incarner un impératif d'excellence par les compétences et le savoir qui fondent la légitimité de leur fonction», le tout sur fond de réaffirmation du rôle primordial de l'État dans la définition des contenus de la transmission… Lire l’intégralité de la tribune.