Tribune
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Publié le 28 Juin 2013

Qui sont les futurs membres de l'Union européenne ?

Par Romaric Godin

 

Après la Croatie, six pays frappent à la porte de l'UE. Avec des chances et des envies bien différentes. Tour d'horizon des candidatures en cours.

1. Turquie : les négociations vont-elles reprendre ?

 

La Turquie a déposé sa demande d'adhésion en 1987. En décembre 1997, le Conseil lui a reconnu le statut de « pays candidat. » En 2005, les négociations sont ouvertes, mais, en raison de la situation chypriote, elles sont gelées de fait. Seuls 13 des 35 chapitres de négociations d'adhésion. La présidence irlandaise a cependant indiqué que les négociations pourraient reprendre à l'automne. Certains pays, à commencer par l'Allemagne, l'Autriche ou les Pays-Bas rechignent à cette réouverture, notamment après les récents événements à Istanbul. Mais plus généralement, ces pays ne cachent pas leurs réticences à l'encontre de l'adhésion turque. De son côté, le gouvernement islamo-conservateur turc ne cesse de rappeler qu'il a des « alternatives. »

 

2. Islande : négociations suspendues

 

L'île nordique ne s'était jamais posé la question de son adhésion jusqu'à la crise financière de 2009. L'arrivée au pouvoir de la gauche et le choc de la crise a conduit Reykjavik à poser en juillet 2009 sa demande d'adhésion. En juin 2010, le Conseil décide d'ouvrir des négociations avec l'Islande. Ces dernières bloquent rapidement sur la question des créances néerlandaises et britanniques des banques islandaises et sur la question de la pêche. Parallèlement, la ferveur en faveur de l'UE s'estompe en Islande qui sort de la crise alors que l'UE y entre. En avril 2013, les partis eurosceptiques remportent les élections et le nouveau premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson indique dès son entrée en fonction qu'il ne poursuivra pas les négociations sans un accord du peuple consulté par référendum. A priori, ceci signifie la fin pure et simple de la procédure d'adhésion.

 

3. Serbie : l'adhésion risque d'échouer sur le Kosovo

 

La candidature serbe a longtemps paru impossible en raison des contentieux avec l'UE liés aux guerres de Bosnie et du Kosovo. Mais l'évolution de la politique serbe depuis la chute de Slobodan Milosevic en 2000, un rapprochement s'est opéré. Après de longues discussions, la Serbie a fini par déposer une demande d'adhésion le 22 décembre 2009. En octobre 2011, six mois après l'arrestation du général serbo-bosniaque Ratko Mladic, la Commission donne un avis favorable à l'adhésion serbe. Le 1er mars 2012, le Conseil européen accorde officiellement le statut de « pays candidat. » Les négociations pourraient commencer avant le début de l'année 2014, mais un point reste en suspens : le différend autour des zones du nord du Kosovo peuplé de Serbes. Mais des négociations sont en cours et le parlement serbe a approuvé en avril la "normalisation" des relations avec le Kosovo, toujours officiellement considéré comme une province serbe par Belgrade.

 

4. Monténégro : un processus avancé

 

Le Monténégro a déclaré son indépendance de l'État serbo-monténégrin en 2006 après un référendum. Le pays a des liens étroits avec l'UE puisque bien avant l'indépendance, en 1999, la monnaie de ce qui n'était qu'une région de la Yougoslavie est le deutsche mark, puis l'euro. Même si le BCE n'accepte pas cet état de fait. Dès le 15 décembre 2008, le Monténégro a déposé une demande d'adhésion qui est acceptée par le conseil deux ans plus tard. Les négociations ont été ouvertes le 29 juin 2012. Il n'y a pas de lourds contentieux entre l'UE et le Monténégro, sauf peut-être cette question de l'euro, car l'adhésion dans la zone euro n'est pas de droit en cas d'adhésion à l'UE.

 

5. Macédoine : un non sur le nom ?

 

L'ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) - pour reprendre le nom internationalement reconnu du pays - a déposé une demande d'adhésion dès mars 2004. En novembre 2005, la Commission émet un avis favorable concernant cette demande et le Conseil reconnaît dès décembre 2005 à l'ARYM le statut de pays candidat. Depuis, les négociations n'ont pas été ouvertes. Une des pierres d'achoppement réside dans le contentieux avec la Grèce autour du nom du pays. Athènes refuse de reconnaître à Skopje le droit d'utiliser le nom de « Macédoine » qui, selon la Grèce, fait partie du « patrimoine culturel hellénique. » La Commission a, en 2009, réclamé l'ouverture de négociations et a lancé un « dialogue d'accession à haut niveau » avec Skopje, mais la présence au poste de premier ministre grec d'Antonis Samaras, jadis un des plus virulents adversaires de la Macédoine pourrait continuer à bloquer la situation.

 

6. Albanie : une candidature pas encore validée par l'UE

 

Longtemps le pays le plus fermé d'Europe, l'Albanie a fait sa demande d'adhésion en avril 2009. En 2010, Bruxelles a estimé que le pays devait encore faire des progrès sur douze sujets clés, notamment en matière de « primauté du droit », de réforme de l'administration, de protection des droits de l'homme et de bon fonctionnement du parlement. En octobre 2012 a recommandé de reconnaître le statut de pays candidat à l'Albanie si elle prenait encore certaines mesures.

 

Les pays potentiellement candidats... ou non

 

Certains pays bénéficient déjà de fonds européens dans le cadre de l'aide de pré-accession, même s'ils n'ont pas déposé de demande d'adhésion. Il s'agit de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo. D'autres pays, notamment de l'ex-URSS, ne cachent pas leur intérêt pour une adhésion future : la Géorgie, la Moldavie ou l'Ukraine, notamment. Ces adhésions sont cependant encore très lointaines, car ces pays sont encore partagés entre les liens avec la Russie et leur envie d'Union européenne. Dans le cas moldave, la sécession de fait de la république russophone de Transnistrie, soutenue par Moscou, rend une adhésion à l'UE encore impossible. Par ailleurs, la Suisse et la Norvège n'envisagent plus pour le moment une adhésion après les refus de leur population en 1992 et 1994 respectivement.