Tribune
|
Publié le 21 Décembre 2012

Repenser l’Islam politique

Par Pinhas Inbari (photo). Traduction française : Galila

 

Les derniers développements en Syrie ont contesté le bien-fondé de la doctrine de l’islam politique qui a guidé la diplomatie occidentale durant le « printemps arabe » et déclenché la chute des régimes arabes laïques et pro-occidentaux, remplacés par des ramifications des Frères musulmans. La doctrine reposait sur le principe que l’Occident et les Frères musulmans étaient unis contre al-Qaïda considérée comme l’ennemi commun. L’islam politique a appelé à la coopération pour vaincre le groupe terroriste d’Al-Qaïda, ce qui ne pouvait se faire en collaborant uniquement avec les forces au sein du monde islamique. 

http://www.israpundit.com/archives/51676

Aujourd’hui, cependant, il y a des fissures visibles dans la conviction de l’administration Obama concernant la doctrine. Le président Obama a officiellement proclamé son soutien à la coalition des Frères musulmans dirigée par les forces d’opposition syriennes, dirigée par Muaz Khatib, en tant qu’organe représentatif officiel du peuple syrien. Et, fidèle à la doctrine, le président américain a fait une distinction entre la coalition dirigée par la Fraternité et le groupe mené par le groupe al-Nosra affilié à Al-Qaïda, que les États-Unis ont classé comme organisation terroriste.

 

Alors que les diplomates occidentaux ont travaillé à créer une coalition qui exclurait les éléments salafistes, qui étaient présents dans l’ancien Conseil national syrien, les Frères musulmans ont donné leur accord et ont convenu avec l’Occident.

 

Lors de la Conférence de Doha, les représentants des Frères musulmans ont montré beaucoup de bonne volonté en excluant les groupes affiliés d’Al-Qaïda de la nouvelle coalition. Toutefois, ils ont rapidement rejeté la distinction d’Obama entre la coalition et Al-Qaïda à la conférence des « Amis de la Syrie de Marrakech la semaine dernière et et ont souligné que le groupe al-Nosra fait partie intégrante de l’opposition à Assad et est un frère d’armes... Pire encore, Al-Qaïda semble être la faction dominante parmi les rebelles syriens.

 

Selon l’édition du journal Al-Qods al-Arabi de vendredi, l’émir du groupe al-Nosra est un parent du célèbre chef d’al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui de Zarqa, en Jordanie. Un autre ancien dirigeant de Zarqa, Abu Jailabid Tubassi, était d’origine palestinienne, comme son nom l’indique, tandis que le nom complet de l’organisation est "Jabhat a-Nusra li-Ahl a-Sham "- "le Front pour la libération de la Grande Syrie ".

 

Il est fort probable que les racines jordaniennes de ses dirigeants et leur patrimoine palestinien, voire le nom de l’organisation [indiquent leur intention de « libérer » la Palestine et d’imposer un pouvoir salafiste en Jordanie et au Liban.

 

La Syrie elle-même serait alors susceptible de devenir un État défaillant comme la Somalie. Il semble que l’islam politique ait amené le terrorisme à la porte de l’Europe.