Tribune
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Publié le 17 Avril 2013

Roland Jacquard : "Il pourrait s'agir d'un groupe basé dans la région de Boston"

 

Roland Jacquard, président de l'Observatoire international du terrorisme, livre son analyse sur les attentats survenus lundi au cours du marathon de Boston. Selon l’expert, la piste Al Qaeda est peu probable, il s'agirait plutôt d’un groupe basé près de Boston.

 

Quelle est votre analyse de ces attentats ?

 

Au regard de la scène de crime, deux bombes qui explosent à deux intervalles très courts, pendant un marathon très médiatique avec beaucoup de participants, on peut songer à des attentats terroristes classiques. Mais il est difficile de rester sur cette analyse.

 

Deux pistes sont aujourd’hui évoquées, Al Qaeda ou des extrémistes américains…

 

Le FBI rapporte chaque année des milliers d’alertes de groupes terroristes, des petits attentats revendiqués par des groupes d’illuminés américains. Des groupes isolés, para-militaires, anti-avortement, tous sont capables de monter des actions de ce type. Sachant que le marathon était dédié aux victimes de la tuerie de Newton, il n’est pas à exclure qu’un groupe issu du lobby des armes soit concerné

 

La piste Al Qaeda est-elle à exclure ?

 

Il faut faire attention, on se souvient de l’affaire de l’anthrax, le 18 septembre 2001. L'alerte relative à ces bactéries très toxiques envoyées dans des enveloppes était survenue sept jours après les attentats du 11 septembre, et tout le monde pensait alors qu'elle portait la marque d’Al Qaeda, ce n'était pas le cas.

 

Les attentats n’ont très probablement pas été commis par un groupe venu de l’extérieur. Il n’est pas possible qu’un groupe ait pu venir sur le territoire américain avec un tel matériel. De plus, l’attentat a été très étudié, les bombes se sont déclenchées à une heure où il y avait énormément de monde, les lieux avaient été étudiés… Il pourrait s'agir d’une équipe - interne ou externe - sur place, basée dans la région de Boston.

 

Que pensez-vous du mode opératoire de ces attentats ?

 

Le mode opératoire de cet attentat est le même que ce que l’on voit en Irak par exemple. Dans ce cas, on cherche un effet de masse, un effet médiatique. Et les États-Unis sont une caisse de résonnance médiatique, car ils sont la première puissance mondiale, les gendarmes du monde.

 

Aujourd’hui sur internet, on peut trouver facilement comment bricoler une bombe artisanale, ou un téléphone et s’en servir comme déclencheur à distance, comme cela a été le cas à Boston lundi. On a un accès plus facile à ces modes opératoires.

 

Les attentats du RER B à Saint-Michel, en 1995, c’était la même chose. La question que l’on peut se poser, c’est: comment se fait-il que les sacs-poubelle n’aient pas été éliminés par la police ? C’est le "b.a.ba" des forces de l’ordre dans ce genre d’événements médiatiques.

 

Le jour de l’attentat, le Patriot Day aux États-Unis, a-t-il été choisi au hasard ?

 

Le jour de l’attentat, jour férié du Patriot Day, a une valeur symbolique très importante aux États-Unis. Moi, je vois mal Al Qaeda caler un attentat sur des symboliques internes propres aux États-Unis. Ils auraient attendu l’anniversaire de la mort de Ben Laden par exemple.

 

Les États-Unis doivent-ils craindre d’autres attentats ?

 

S’il s’agit de groupes désirant créer la panique, d’autres attentats sont toujours possibles. Désormais, les États-Unis vont revenir à des plans de luttes antiterroristes très autoritaires, très stricts.Unis vont revenir à des plans de luttes antiterroristes très autoritaires, très stricts.