Tribune
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Publié le 24 Janvier 2013

Sauver le Mali, lutter contre le terrorisme

 

Par Christophe Bigot, ambassadeur de France à Tel-Aviv.

 

Depuis des mois, le nord du Mali, un territoire grand comme la France est sous la coupe de terroristes. Des criminels, liés pour certains à al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), terrorisent la population, prennent des otages, s’en prennent aux sites sacrés, se financent par la contrebande et s’arment puissamment. Ils étaient, il y a une semaine, sur le point de poursuivre leur offensive, prendre Mopti et gagner la capitale Bamako, et s’emparer ainsi du pays tout entier pour y installer un régime de terreur.

 

Vendredi dernier, la France, à l’initiative du président François Hollande, a donc décidé de répondre à l’appel à l’aide lancé par le président malien Traoré. La France a décidé d’apporter un soutien militaire à son pays dans la lutte qu’il mène contre les groupes fanatiques. Elle a engagé des forces aériennes pour bombarder les colonnes et les bases terroristes, mais aussi des forces au sol, en appui de l’armée malienne.

 

Pourquoi la France a-t-elle décidé de s’engager ? L’intégrité même du Mali était menacée, et, avec elle, la stabilité de toute l’Afrique du Nord et de l’Ouest. L’instauration d’une base arrière du terrorisme aux portes de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée n’est pas acceptable. L’Europe, le monde, ne peuvent rester indifférents. Il ne l’est pas. L’intervention française a été saluée par tous. Elle s’inscrit dans le cadre du droit international, en conformité avec la résolution 2085 du Conseil de sécurité adoptée à l’unanimité. La France prépare ainsi la mise en place d’une mission de soutien des Nations unies au Mali.

 

Cette intervention militaire s’effectue avec l’appui de tous les voisins du Mali. L’Algérie a autorisé le survol de son territoire et fermé sa frontière ; l’Union Africaine comme les États-Unis s’en sont félicités ; plusieurs pays européens apportent leur concours ; nombre de pays ont promis d’envoyer des troupes, comme le Nigeria, le Sénégal, le Niger, le Bénin ou le Burkina Faso, dans le cadre de la CEDEAO, l’organisation des pays d’Afrique de l’Ouest.

 

Cette opération d’appui aux troupes maliennes se poursuivra aussi longtemps que nécessaire, mais n’a pas vocation à devenir durable. Le recours à la force, quand il est légal et légitime et que les autres options ont échoué, peut s’avérer nécessaire. Il était devenu, au Mali, indispensable. Mais il n’est pas une fin en soi. Il faudra aussi, une fois le danger terroriste maîtrisé, écarté, faciliter un dialogue politique, une réconciliation entre tous les Maliens : les réalités du nord du pays doivent être prises en considération ; il ne faut pas confondre le nord du pays et le terrorisme. Tenir des élections présidentielles et législatives le plus rapidement possible est également indispensable comme agir sur la durée et favoriser le développement d’un des pays les plus pauvres de la planète.

 

L’aide de tous est nécessaire pour y parvenir, car le sort du Mali, dans le monde interactif d’aujourd’hui, a un impact, bien au-delà de Tombouctou.