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Un exemple de travail parlementaire allant au-delà des appartenances politiques
Dans l'entrée de son bureau de député fédéral libéral de Mont-Royal à Montréal un article de mai 2012, qui a été encadré, figure en bonne place. Un excellent portrait d'Irwin Cotler y est dressé. Titre et sous-titre sont éloquents : « le secret d'Irwin Cotler : le calme dans le chaos », puis « comment un homme bien, soumis à des attaques brutales, peut supporter de travailler au Parlement – et en plus, aimer John Baird ». Petit clin d’œil du journaliste. Car John Baird est l'actuel ministre des Affaires étrangères canadien, un conservateur. Avec qui, pourtant et entre autres, Irwin Cotler a œuvré, par exemple, pour obtenir la libération de Maikel Nabil, un blogueur égyptien qui fut le premier à être emprisonné dans l’Égypte post-Mubarak.
Il faut dire que ce même ministre qualifiait publiquement, le 20 novembre dernier, la création d'Israël de miracle et que le gouvernement conservateur canadien de Stephen Harper est l'un des premiers soutiens d'Israël, comme on vient encore de le voir lorsqu’Israël a répliqué aux nombreuses attaques de roquettes et missiles venues de la Bande de Gaza. Appui sans failles que, loin de toute attitude partisane et soucieux de vérité, Irwin Cotler soulignait récemment, lors d'une manifestation de soutien à Israël devant le consulat israélien à Montréal.
Les dossiers iraniens au cœur de son action
C'est en sa qualité de juriste, spécialiste en droit international et militant connu en matière de droits de l'homme, qu'Irwin Cotler a été invité à participer à un Colloque organisé par l'Association Internationale des Juristes juifs en mai prochain à Paris. Le thème en sera « l'incitation à la haine et au génocide dirigée par un État ». Invitation à laquelle il a répondu positivement, avec toutefois une seule condition : qu'il ne soit pas retenu à Ottawa par son travail au Parlement où il représente la circonscription de Mont-Royal à Montréal pour le sixième mandat consécutif.
Mais l'Iran est un dossier dans lequel il s'implique tout le temps, dit-il. Ainsi a-t-il élaboré avec le Sénateur américain Mark Kirk un projet à l'échelle internationale, centré autour des prisonniers politiques iraniens. Vingt prisonniers politiques particulièrement représentatifs des groupes persécutés en Iran, tels que les bahaïs, les étudiants, les journalistes ou les femmes seront choisis. Vingt députés représenteront chacun d'entre eux, feront connaître leur sort et les défendront. Des universités et des ONG sont également invitées à se joindre au projet. Un département de l'université de McGill de Montréal, où Irwin Cotler a été Professeur de Droit, a d’ores et déjà été contacté. Il s'agit, explique-t-il, de faire pour eux ce qui avait été fait à l'époque pour les prisonniers politiques en URSS. Un dossier qu'il connaît bien, car il avait défendu, entre autres, le refuznik Nathan Chtaransky, qui fit son alyah à sa sortie du Goulag, pour devenir homme politique et ministre en Israël puis Président de l'Agence Juive.
Parmi ceux qu'il a défendus, on note également Nelson Mandela. Actuellement le Député se bat pour Nasrin Sotoudeh dont il assure la défense devant le Parlement canadien. Cette prisonnière politique en Iran est particulièrement emblématique puisque, dit-il, « c'est une des dirigeantes les plus importantes du mouvement des femmes, elle a plaidé pour des mineurs condamnés à mort, a été avocate pour des prisonniers politiques avant d'être elle-même arrêtée ».
L'Iran, un danger pour la paix et la stabilité internationale
Pour Irwin Cotler il ne fait aucun doute que « l'Iran est un danger pour la paix et la stabilité internationale et pour la stabilité au Moyen-Orient ». Il détaille ainsi « les quatre menaces iraniennes : cet État qui commet des violations des droits de l'homme contre la population iranienne représente un danger compte tenu de sa volonté de se doter de la bombe nucléaire, il menace de mort l’État d'Israël et le peuple juif, il mène le terrorisme international, il est impliqué dans des crimes contre l'humanité perpétrés en Syrie à qui il fournit de l'armement, un financement et un entrainement militaire ».
Irwin Cotler note d'ailleurs qu'alors qu'une trêve vient d'être conclue avec Israël, dans la foulée de l'Opération israélienne Pilier de Défense, le Hamas, mouvement terroriste, vient de remercier Téhéran pour le soutien qu'il lui apporte...un Hamas coupable de crimes contre l'humanité, détaille-t-il, puisqu'il tire sur les populations civiles en Israël, s'abrite au sein de sa population pour lancer ses roquettes ou missiles ou a inscrit dans sa Charte la destruction d'Israël.
Quant au Hezbollah, également soutenu par l'Iran et bien installé dans certains pays d'Amérique du Sud, Irwin Cotler déplore qu'il ne soit pas encore inscrit sur la liste des organisations terroristes par l'Union européenne, notant que cela a été fait par certains pays, dont le Canada ou les États-Unis
Une méconnaissance de l'histoire et des faits généralisée et des dirigeants arabes responsables de la création de deux groupes de réfugiés
Il attribue la manière biaisée dont a été rapportée cette opération de légitime défense d'Israël ou la réprobation qu'elle a suscitée chez certains à « une méconnaissance de l'histoire et des faits », ajoutant que de plus, « il est toujours plus facile de blâmer Israël ». Ainsi mentionne-t-il un article en première page du très influent New York Times il y a quelques jours. On y lisait : « il faut comprendre que cette tragédie du peuple palestinien a commencé en 1947 ». Rappelant que c'est là « la date à laquelle les Nations unies avaient recommandé le partage de la Palestine mandataire en deux États, ce que les dirigeants juifs avaient accepté, mais les dirigeants arabes refusé », Irwin Cotler ajoute que ces derniers avaient « préférer attaquer à la fois l’État juif avant même son établissement ainsi que les Juifs citoyens de leurs pays respectifs ». Ces dirigeants, souligne-t-il, « portent la responsabilité de la création de deux groupes de réfugiés : les réfugiés arabes et les réfugiés juifs des pays arabes ».
Se battre pour que soient reconnus les droits des réfugiés juifs des pays arabes est l'un des combats qu'il mène actuellement à Ottawa, formulant l'espoir qu'il y ait une résolution du Parlement canadien dans ce sens. Irwin Cotler rappelle que c'est le Premier ministre canadien Paul Martin – il a été ministre de la Justice dans son gouvernement – qui en 2005 avait fait la première déclaration demandant que justice soit rendue à ces réfugiés juifs.
Syrie et main mise islamiste : Irwin Cotler déplore ne pas avoir été entendu il y a plus d'un an
À propos de la Syrie le député déplore ne pas avoir été entendu lorsqu'il a préconisé très tôt, il y a plus d'un an, une intervention internationale pour protéger la population syrienne. On lui répondait alors que cela déboucherait sur une guerre civile et une main mise des islamistes sur le pays. Or, dit-il, après 40.000 morts, des destructions, près de 500.000 réfugiés, c'est justement ce qui s'est produit et c'est le résultat d'un manque d'intervention. Il note que cet été le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird, s'est rendu auprès de réfugiés syriens en Jordanie et en Turquie, lui-même en ayant rencontrés dans un camp en Jordanie, « où cela doit être pire maintenant », dit-il. Il garde pourtant l'espoir que le Conseil qui rassemble l'opposition syrienne regroupe « ceux qui ont rêvé d'une Syrie démocratique », estimant qu'il faut l'aider et le reconnaître, ce que n'a pas fait le Canada à ce jour.
Photo prise lors de la manifestation de soutien à Israël devant le consulat d'Israël de novembre dernier.