Tribune
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Publié le 22 Octobre 2013

Tunisie : le président de la Constituante exhorte Ennahda à «respecter les règles»

Interview exclusive au Parisien. Propos recueillis par Rahim Bellem

 

Depuis ce week-end, le ministère des Affaires étrangères recommande aux Français d'observer une «grande prudence» pour les voyages en Tunisie. Le Quai d'Orsay met en avant les opérations de sécurité en cours dans les zones proches de la frontière algérienne qui «sont à éviter». Samedi dernier, neuf «terroristes» ont été tués et deux tonnes de matières explosives saisies dans cette région lors d'une opération militaire menée depuis trois jours. 

L'opération a été déclenchée après l'assassinat de deux gendarmes par un groupe armé supposé salafiste, selon des médias locaux. Signe de tension, lors de leurs funérailles, les hauts dirigeants tunisiens dont le président de la République ont été chassés de la cérémonie officielle, conspués par des manifestants d'un syndicat policier. Président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar est également le chef de file des socialistes tunisiens. Il a répondu aux questions du Parisien. Extraits :

 

Ennahda va-t-il jouer le jeu et se retirer du gouvernement pour sortir de la crise ?

 

Nous sommes dans une véritable crise de confiance. Chacun doit appliquer la feuille de route sur des bases claires. Discuter la constitution et l'adopter dans un délai de trois semaines, changer de gouvernement et engager un processus électoral avec une instance indépendante. Le scénario est précis et ne doit pas dépasser les deux semaines. On sait que cela ne va pas être simple, mais je suis confiant.

 

Concrètement, les élections législatives auront lieu quand?

 

A priori un délai de 5 à 6 mois devrait être considéré comme suffisant et accepté par tout le monde. Elles pourraient avoir lieu en avril prochain.

 

Certains craignent une volte-face des islamistes, et vous ?

 

Évidemment, on craignait que leurs engagements pour une nouvelle équipe au pouvoir ne soient pas assumés. Or, avec cette feuille de route, signée, tout le monde va être jugé par l'opinion publique. Le risque de temporisation existe chez tous les partenaires. Ennahda ne doit pas être chargé plus que d'autres. Ses responsables ont eu beaucoup d'hésitations, mais, aujourd'hui, ils sont obligés d'accepter le jeu démocratique et de respecter les règles instaurées pour un changement de gouvernement. Ennahda fait une très grande concession, mais il ne veut pas quitter le pouvoir avec le sentiment d'être dégagé... Lire la suite de l’interview.