Tribune
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Publié le 29 Janvier 2014

Un long dimanche de haine...

Tribune de Julien Dray, Conseiller régional PS d'Île-de-France, ancien député de l'Essonne, publiée dans le Huffington Post le 28 janvier 2014

 

Dimanche, dans les rues de Paris, environ 20 000 personnes ont défilé, malgré des pluies antédiluviennes, entre Bastille et Opéra, en passant par République, pour un "jour de colère". Avec pour principale revendication de faire "dégager" le Président de la République, on a surtout assisté à l'unification d'un amalgame de contestations éparses, hétéroclites et de slogans qu'on ne pensait pas entendre dans Paris en 2014. Slogans antisémites ou antimaçonniques ont fusé signifiant ainsi que le fond commun de ces groupes activistes reste une vision profondément antirépublicaine du monde. Anti-lumières, anti-égalitaires, les motivations de cette manifestation signifient qu'au-delà de ses appareils politiques, un peuple de droite s'est réveillé. Il s'agit d'une première: voir autant de milliers de manifestants unis dans une même fièvre réactionnaire révèle, en filigrane, l'état de radicalisation d'une partie de notre société...

Un silence gêné a entouré cette manifestation à droite... Certains ont bien dénoncé les traits "fascistoïdes" de ce "Jour de colère" quand d'autres, à l'instar de Luc Châtel, ont fait preuve d'une "compréhension" étonnante à l'égard de ce déferlement d'activistes, de leurs slogans haineux et de leur vision rétrograde. Ce qui se joue, c'est la direction stratégique du peuple de droite. Les différents partis politiques - UDI, UMP, FN - sont clairement mis au défi par une base grouillante, radicalisée, particulièrement décidée. C'est un phénomène nouveau. S'il y a toujours eu des activistes, les partis politiques de l'hémisphère droit de notre vie politique parvenaient à les réduire, les contenir ou les canaliser. Même le FN, cette fois, semble embarrassé par l'émergence de cette phalange ultra-réactionnaire…Lire la suite.