Tribune
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Published on 19 June 2015

Une étoile jaune pour l'État juif ?

Bernard-Henri Lévy s'insurge contre ceux qui cherchent à "délégitimer, diaboliser un Israël qui n'en finit pas de porter son étoile jaune".
 

Par Bernard-Henri Levy, publié dans le Point le 18 juin 2015
Il y aura eu, en peu de temps, le PDG d'Orange annonçant, lors d'une conférence de presse au Caire, son désir de rompre avec un partenaire industriel trop lié à Israël.
Les velléités palestiniennes de faire exclure de la FIFA la fédération de football israélienne.
Le débat sur l'étiquetage de certains produits qui reprend de plus belle en Europe.
L'Union des étudiants britannique votant une résolution de soutien au principe du boycott.
Sans parler des artistes qui, à l'instar de Brian Eno, Elvis Costello ou Vanessa Paradis, se demandent s'ils doivent ou non se produire en "Palestine occupée".
Aucun de ces événements n'a, en soi, grande importance.
Mais, ensemble, ils font un climat et, peut-être, une conjoncture.
Et c'est l'occasion de rappeler à celles et ceux qui s'y engagent ce qu'est ce fameux mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) créé, en 2005, par 171 ONG palestiniennes et qui est à l'origine, plus ou moins directe, de toutes ces initiatives.
Un mouvement de la société civile mondiale, nous dit-on, habité par le souci du droit, de la démocratie, des droits de l'homme. Soit. Mais pourquoi s'en prendre, dans ce cas, au seul pays de la région à s'être fondé sur ces valeurs et à continuer, vaille que vaille, malgré presque soixante-dix ans de guerre, d'y être globalement fidèle ? Et d'où vient que, pour s'en tenir aux seuls pays voisins, ces sourcilleux humanistes n'aient jamais eu un mot, un seul, sur les 200 000 morts de Bachar el-Assad, sur les crimes de Daesh, sur la déportation massive des chrétiens de la plaine de Ninive, j'en passe ?
Un mouvement anti-apartheid, précise-t-on, reprenant les méthodes et l'esprit de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Magnifique. Mais pourquoi, de nouveau, Israël qui, avec ses citoyens venus de tous les coins du monde, avec sa société multiethnique mêlant Européens de l'Ouest et de l'Est, Russes et Américains, Éthiopiens et Turcs, Kurdes et Iraniens, avec sa minorité arabe dont 13 députés siègent à la Knesset, n'est pas précisément ce que l'on peut appeler un État d'apartheid ? Et pourquoi pas le Qatar, dont je sais bien que les Fondations financent, avec des think tanks saoudiens, l'essentiel du mouvement, mais où 95 % de la main-d'oeuvre est constituée de travailleurs asiatiques esclavagisés et vivant sous le régime d'une kafala qui n'est pas très loin, pour le coup, d'un apartheid ?
Peut-être s'agit-il alors de faire pression sur Israël afin de l'amener à une paix dont la cause vaudrait bien quelques accommodements avec Doha ? Admettons, là aussi. Passons sur cette étrange façon de faire la paix en n'exerçant la pression que sur un belligérant sur deux. Oublions la méthode qui, au lieu de renforcer ceux des Israéliens favorables aux négociations, consiste en une punition collective mettant le pays au ban des nations. Le problème, c'est qu'il n'y a, comme chacun sait, qu'une formule sérieuse pour arriver à cette paix ; que cette formule, entérinée par les accords d'Oslo, est celle de deux États ; or il suffit de lire les déclarations d'Omar Barghouti, Ali Abunimah et des autres inspirateurs du mouvement pour voir que cette two states-solution est précisément celle dont ils ne veulent pas - lui préférant, sic, une one state-solution (sous drapeau palestinien)… Lire l’intégralité.
 

Bernard-Henri Lévy

 Bernard-Henri Lévy est de tous les combats pour la dignité...