Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lecture de Jean Pierre Allali - Génésareth, de Sari Klein

17 January 2019 | 106 vue(s)
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Actualité

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Génésareth, de Sari Klein*

Génésareth, sur les bords du lac de Tibériade. C’est là et dans les environs, que des pionniers juifs venus des quatre coins du monde et animés par une foi sioniste inébranlable, ont donné le coup d’envoi et les premiers coups de pioche de la renaissance d’un État juif dans sa terre d’origine.

« Le sionisme, nous dit l’auteure, n’aurait pas gagné les esprits sans la passion que montraient les Amants de Sion pour une régénération de l’âme juive, exténuée par deux mille ans d’exil et leur cortège de persécutions ».

L’ouvrage nous dépeint des personnages essentiels de l’aventure sioniste aujourd’hui souvent oubliés. Aaron David Ben Uri Gordon, tout d’abord, « pionnier des pionniers », « le Vieux », « dont le personnage et les écrits ont marqué les fondateurs d’Israël » et qui « gagna la terre d’Israël pour se régénérer en régénérant la nature ».

Né le 9 juin 1856 en Podolie , Gordon est mort le 22 février 1922. Il avait 66 ans. « Conscient de la vocation messianique du sionisme »,  il était réaliste et bouleversé par l’hostilité arabe, n’hésitant pas à s’écrier : « Nous, nous avons créé la Bible ici, qu’a donné le peuple arabe ? Ce qu’il a créé vient de La Mecque ».

Voici aussi Haïm Brenner, qui se prenait pour le plus grand romancier hébraïque et qui voulait être à la fois le Dostoïevski et le Tolstoï hébraïques. Et Berl  Kazneltson, le tribun, l’agronome Moshé Bermann, la poétesse Rachel Bluwstein, « la Jouvencelle dont les chants continuent de bercer les vagues du lac de Tibériade en Galilée », sa sœur, Shoshana et sa tante, Rosa Mandelstam. Sans oublier Hannah Maïsel, « figure de proue du sionisme féminin », l’étudiant russe Zalman Robashov qui deviendra, sous le nom de Zalman Chazar, président de l’État d’Israël.

Tous ces hommes et toutes ces femmes « ne vivaient plus sur le mode de l’éphémère, du transitoire et de l’attente. Il n’étaient plus locataires des lieux, ils en étaient propriétaires ».

Et même si la laïcité l’emporte souvent sur le religieux, « on s’interdisait de consommer du porc. En revanche, on mangeait volontiers du chameau. C’était plus sain et plus authentique ».

Un livre intéressant donc. On regrettera toutefois la hargne et les propos à l’emporte-pièce manifestés à l’égard des leaders de la droite et des religieux.

Ainsi : « Theodor Herzl, plus visionnaire et diplomate que pratique, Zeev Jabotinsky, plus déclamatoire que pragmatique, « promoteur d’une étrange variété de nationalisme juif » et le rabbin Isaac Kook, plus opportuniste et pernicieux qu’on ne le présente ».

Naphtali Herz-Imber, créateur de l’Hatikva qui deviendra l’hymne national israélien, est décrit, lui, comme un « piètre poète » :

Quant à la période actuelle, voici ce qu’en pense Sari Klein : « Le sionisme est une passion théologico-politique qui, pour reprendre une expression de Martin Buber concernant le kibboutz, n’a pas encore échoué. Il continue de se chercher entre la phraséologie creuse de ses bonimenteurs et l’obscurantisme de ses rabbins ». Et l’auteure de souligner « la désastreuse colonisation de la Judée et de la Samarie par des colons menés par d’obscurs rabbins… », ajoutant qu’elle « persiste à affirmer que le triomphalisme messianiste et colonialiste en Judée et en Samarie reste la menace la plus tangible qui pèse sur Israël »

Si l’auteure évoque la Déclaration Balfour et les fameux accords Sykes-Picot, elle nous permet de découvrir des accords peu connus dits « de Deauville ».

Des exagérations, donc, mais un livre à découvrir toutefois.

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Matanel. Berg International. Mars 2018. Traduit de l’hébreu par Sonia Lévine. 136 pages. 18 euros.

 

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