Martine Ouaknine est adjointe au Maire de Nice, déléguée au devoir de mémoire, à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, conseillère métropolitaine et départementale, présidente honoraire du Crif Sud-Est.
Le Vendredi 2 octobre, en quelques heures, les 3 vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée qui composent le pittoresque paysage entre mer et montagne, ont été dévastées.
L’avis d’alerte lancé par la Préfecture et accompagné de la fermeture de tous établissements scolaires avait pu paraître à certains, excessif, sauf quand les éléments se sont déchaînés, emportant tout sur leur passage : habitants, sauveteurs, maisons, véhicules et végétation et semant la désolation.
Le spectacle stupéfiant de routes et de ponts coupés en deux, de rivières transformées en torrents avec une montée des eaux que rien ne semblait pouvoir arrêter. Plus de 100 maisons effondrées comme des châteaux de cartes et toute communication avec l’extérieur coupée pendant de très longues heures.
À la nuit tombée, s’ajoutaient les baisses de température et la crainte de ne pouvoir porter secours aux victimes.
Les nombreuses personnes sidérées et traumatisées, certaines ayant tout perdu, ont été rapatriées sur Nice, par les hélicoptères de l’aviation civile qui ont fait pendant plus de 15 jours, des rotations ininterrompues de 8h du matin à 22h.
Tous les villageois entendent revenir dans ces villes qui constituent leur identité même s’ils n’ignorent pas que la reconstruction sera longue et difficile avec l’objectif de se prémunir d’autres catastrophes.
La mobilisation des élus a été à la hauteur de ce que ces villages de montagne représentent pour eux : une partie indissociable de leur patrimoine. Tous les services publics ; agents des métropolitains, du département, de la gendarmerie, les pompiers, les forces de police et de la sécurité civile, les agents préfectoraux ont été impressionnants par leur efficacité et leur dévouement.
Le Département des Alpes Maritimes, la Région Sud et la Principauté de Monaco ont voté des aides importantes. La Métropole a souhaité voter un budget conséquent d’un milliard d’euros non seulement pour reconstruire ces vallées et permettre à ses habitants de retourner y vivre, mais pour que ces villages redeviennent très vite la vitrine du tourisme alpin azuréen.
Pour accompagner les personnes évacuées vers l’aéroport de Nice, la grande salle de concerts du Palais Nikaia de Nice a été transformée en centre de collecte des dons en nature.
Une cellule d’aide et d’assistance a été mise en place à la Maison d’accueil des Victimes (MAV) de la Ville de Nice, autour d’une plateforme téléphonique unique et de 3 pôles accompagnement psychologique et social, logistique (rapatriement et hébergement avec une cellule dédiée à la reconstitution des documents d’état civil et la rescolarisation des enfants), - juridique (conseils aux sinistrés et démarches auprès des assureurs et services fiscaux, appel aux propriétaires de logements vacants de les mettre à disposition).
C’est aussi dans ce territoire privilégié baigné de soleil, avec une mer d’azur et un ciel lumineux que des pages de vies se sont écrites et on n’en rappellera que quatre d’entre elles, expliquant que la Communauté juive (Crif, Consistoire de Nice, FSJU national, B’nai B’rith Régional, Mouvement Massorti, Mouvement Habad, Keren Hayesod) ait spontanément tenu à manifester sa solidarité matérielle et financière envers une région qui fut le berceau d’accueil bienveillant de tant de juifs italiens, français ou apatrides venus se réfugier en zone libre ou rapatriés d’Afrique du Nord.
Une telle solidarité répond donc à l’un des préceptes de « justice » du judaïsme à l’égard d’un territoire qui lui tient à cœur, car terre d’accueil depuis toujours.
Martine Ouaknine