Ariel Amar

Président de France-Israël, Alliance Général Koenig et membre du Bureau exécutif du Crif

Le billet d'Ariel Amar - « Une nuit historique » mais pas celle que vous croyez

26 June 2025 | 567 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Stéphanie Dassa's picture
Documentaire Sauver Auschwitz
|
23 January 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

Depuis quarante-huit heures, la presse internationale commente largement ce qu’elle qualifie de « nuit historique » : le bombardement ciblé par les États-Unis des installations nucléaires iraniennes, dans la nuit de samedi à dimanche. Cette frappe chirurgicale, inattendue dans son intensité comme dans sa clarté stratégique, a marqué un tournant. Mais la véritable nuit historique, la plus déterminante, fut celle de lundi à mardi, la nuit dernière.

Pourquoi ? Parce qu’elle condense, en quelques heures, un enchaînement d’événements décisifs, porteurs d’une dynamique nouvelle au Moyen-Orient. Dans cette nuit dramatique, nous avons assisté à un basculement que ni les bombes ni les déclarations n’auraient pu provoquer à elles seules.

 

Le pari risqué – et presque gagné – de Donald Trump

Donald Trump, en dépit de ses promesses électorales de ne plus impliquer les États-Unis dans de nouveaux conflits armés, a pris la décision lourde de conséquences de frapper l’Iran. Il l’a fait contre l’avis d’une partie de son entourage, contre son propre électorat isolationniste. Ce n’est pas un revirement, c’est un coup de maître : il a pu justifier l’intervention militaire comme un passage obligé pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu global dans la région. En liant cette frappe à la perspective d’une désescalade régionale, il a transformé l’usage de la force en outil de paix.

Et c’est ce qui devait constituer son moment de gloire historique.

 

Mais l’histoire ne se laisse jamais écrire sans résistance

Le cessez-le-feu obtenu lundi vers minuit devait entrer en vigueur mardi à 6 heures du matin. Or c’est précisément dans cette fenêtre de six heures, avant l’application de l’accord et au-delà, que l’Iran a lancé une salve de missiles d’une ampleur inédite contre le territoire israélien. C’était à la fois une démonstration de force et un aveu de faiblesse : le régime cherchait à vider ses arsenaux dans une dernière tentative de peser militairement, alors même que, quelques jours auparavant, il limitait ses tirs par manque de munitions.

Côté israélien, la réponse fut implacable. Israël a profité de cette agression massive et de cette violation flagrante du cessez-le-feu pour achever le travail : frapper les infrastructures militaires résiduelles, réduire encore la capacité de nuisance de l’Iran et démontrer qu’aucune fenêtre d’agression ne resterait impunie.

 

Le moment Trump : colère maîtrisée, diplomatie de vérité

Au matin, Donald Trump, furieux mais lucide, est apparu sur les écrans du monde entier. Il a grondé à la fois l’Iran et Israël pour avoir rompu le cessez-le-feu. Ce reproche égalitaire, en apparence absurde, est en réalité une leçon magistrale de diplomatie moyen-orientale.

Dans cette région, les rapports de force sont intriqués de fiertés, de blessures historiques, de haines recuites. Blâmer un seul camp aurait pu torpiller la fragile dynamique de cessez-le-feu. Trump a donc réprimandé « ses deux enfants », à parts égales, non pas pour dire que tous deux avaient tort, mais pour montrer que la paix comptait plus que les querelles, plus que la justice même. C’était une pédagogie de l’autorité, un cri d’alarme pour rappeler que le monde n’accepterait pas un retour en arrière.

 

Une nouvelle ère est-elle possible ?

La nuit dernière a peut-être permis d’enclencher la première accalmie durable depuis des décennies. Les proxies iraniens, au Liban, à Gaza, au Yémen sont exsangues. L’Iran lui-même, frappé sur son territoire, humilié militairement, a vu ses capacités sérieusement entamées. Il n’est pas mort, il n’est pas pacifié, mais il a reculé. Et ce recul offre un espoir inespéré aux peuples de la région tenus en otage depuis tant d’années.

Palestiniens, Libanais, Syriens, Iraniens : tous ces peuples vivent sous des régimes qui ont fait de la haine d’Israël leur seul ciment idéologique. Ce sont eux les grandes victimes des ambitions de Téhéran. Or pour la première fois, cette nuit, le chaos a semblé reculer. Un vide s’ouvre. Et dans ce vide pourrait surgir, enfin, une parole libre, un choix, une respiration.

Non, la paix n’est pas assurée. Les retournements sont toujours possibles. Mais l’opportunité existe, et il faut la nommer pour lui donner force.

 

Conclusion : une nuit qui compte

Ce n’est pas le fracas des bombes qui fait l’histoire, mais ce qu’elles rendent possible. Et la nuit dernière a permis cela : un cessez-le-feu imposé dans la douleur, une démonstration de force contre les semeurs de guerre, une redistribution des cartes où les peuples peuvent espérer compter davantage que les armes.

C’est pour cela que la véritable nuit historique n’est pas celle du bombardement, mais celle de l’après : cette nuit où le monde a peut-être, pour la première fois depuis longtemps, entrevu l’idée que la région pouvait respirer autrement que par le feu.

 

Ariel Amar, Président de France-Israël, Alliance Général Koenig

 

- Les opinions exprimées dans les billets de blog n'engagent que leurs auteurs -