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Photo : visuel utilisé par le World Jewish Congress pour leur campagne "Ich bin Jude" sur les réseaux sociaux
Plusieurs incidents à caractère antisémite :
Rappelons que la communauté juive comptait environ 600.000 personnes avant la Shoah et seulement 10.000 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En Allemagne donc, on assiste à un retour en force de l’antisémitisme, d’abord portée par la rhétorique malsaine du parti anti-migrants Alternative für Deutschland (AFD - extrême-droite), car l’AFD exacerbe l'antisémitisme.
Voir à ce sujet : - http://www.lemonde.fr/europe/
En septembre 2017, par exemple, le dirigeant du parti, Alexander Gualand, a déclaré que les Allemands ont le droit «d’être fiers ce que leurs soldats ont réalisé pendant les deux guerres mondiales». Un autre membre important du parti, Björn Höcke, a qualifié le Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe de Berlin de «mémorial de la honte». Mais, il y a aussi la propagation de la haine sur les réseaux sociaux (le plus souvent d’extrême droite) et les agressions qui ont été commises par des néonazis.
Par ailleurs et selon diverses études universitaires, entre 15 et 20 % des allemands développent des préjugés antisémites. Dans les faits, le ministère de l’intérieur constate une hausse du nombre des actes antisémites dans le pays. Selon les chiffres du gouvernement allemand, quatre actes antisémites par jour ont été recensés en moyenne en 2017, comme en 2016. La majorité, soit 1.377 sur 1.452, ont été commis par des sympathisants d'extrême droite.
Un antisémitisme lié au conflit israélo palestinien
À ce phénomène s’ajoute la visibilité croissante d’un antisémitisme lié au conflit israélo-palestinien et à des tensions provoquées par certains des réfugiés arabo-musulmans arrivés récemment dans le pays.
Avec la guerre à Gaza en 2014, des rassemblements propalestiniens ont été organisés dans toute l'Allemagne, dans lesquels des slogans comme « Juifs à la chambre à gaz» ont été entendus à plusieurs reprises. En décembre 2017, un chandelier géant de 10 mètres de haut avait été installé mardi devant la Porte de Brandebourg à Berlin pour marquer le début de la fête juive de Hannoucah. Au même endroit, quelques jours plus tard, un bon millier de manifestants ont protesté devant l’ambassade des Etats-Unis contre la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. Des drapeaux israéliens avaient alors été brûlés aux cris de «mort à Israël» ou «Israël, assassin d’enfants» et la police a procédé à une dizaine d’interpellations. Un nouveau défilé avait rassemblé cette fois 2500 personnes dans le quartier multiculturel de Neukölln. De nouveau, les manifestants avaient mis le feu à un drapeau israélien et scandé des slogans antisémites. Le quotidien suisse Le Temps du 12 décembre 2017 explique que ces manifestations sont le fait d’un mélange improbable, rassemblant des éléments allemands du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), des sympathisants du Hamas et de la milice libanaise Hezbollah, des fascistes turcs, des soutiens du parti AKP du président turc Erdogan et du Fatah palestinien. Les images de jeunes fanatiques turcs ou arabes encagoulés, drapés du foulard palestinien et brandissant des drapeaux turcs ou palestiniens, ont choqué en Allemagne.
Le 27 janvier 2018, journée de la mémoire de l’Holocauste, Angela Merkel a dénoncé la résurgence de l’antisémitisme en Allemagne. «Il est inconcevable et (cela) constitue une honte de voir qu’aucun établissement juif ne peut exister sans protection policière, qu’il s’agisse d’une école, d’un jardin d’enfants ou d’une synagogue», a-t-elle affirmé. Il y a eu plusieurs affaires de harcèlement d'enfants juifs dans les écoles. Le président du Conseil central des Juifs en Allemagne (ZDK), Josef Schuster, avait conseillé aux Juifs de ne pas porter la kippa dans les grandes villes.
Puis, le 13 avril, Angela Merkel a dénoncé à la télévision israélienne l’émergence d’une «autre forme d’antisémitisme» parmi des réfugiés d’origine arabe dans le pays. Ces propos ont été tenus alors qu’une attaque antisémite présumée avait lieu à Berlin. Un jeune homme portant une kippa a été agressé et frappé à coups de ceinture en pleine rue par un groupe de jeunes. Selon le quotidien Bild, l’agresseur présumé principal qui s’est livré à la police est un réfugié syrien ayant vécu dans un centre pour migrants près de Berlin. Lors de son interview, Angela Merkel a rappelé que le gouvernement allemand avait nommé un commissaire chargé de lutter contre l’antisémitisme.
Au final, ce 25 avril 2018, des milliers d'Allemands portant la kippa, la calotte juive, ont participé à des rassemblements organisés dans toute l'Allemagne en soutien à la communauté juive, dans ce contexte de montée de l'antisémitisme. Ils pourront aussi partager l'autocollant : « Ich Bin Jude »