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Le lendemain, de Gaulle adresse aux Français, sur les ondes de la BBC, un appel à continuer le combat (le texte n’a malheureusement pas été enregistré). Cet appel peu entendu en France, et ne suscite pas, au début, des adhésions très nombreuses : parmi les très nombreux militaires français présents en Grande-Bretagne, en provenance des rembarquements de Narvik et de Dunkerque, seuls 3000 rejoignent ce qui va devenir la France Libre tandis que tous les hommes valides de l’île de Sein (130) gagnent les côtes anglaises pour combattre aux côtés du général.
Le 1er juillet, un adjudant de 52 ans se présente au quartier général de Charles de Gaulle est reçu par son chef d’état-major, le maître des requêtes au Conseil d’Etat Pierre Tissier. Il demande une affectation militaire et se présente : Georges Boris, journaliste, économiste et directeur de cabinet de Léon Blum lorsque celui-ci était en 1938, outre sa fonction de Président du Conseil, ministre du Trésor. Tissier le renvoie alors brutalement : "Les Juifs et les séides du Front Populaire n’ont pas leur place ici !". Apprenant ce qu’il s’est passé, de Gaulle rabroue vertement Tissier : « il y a deux catégories de Français : "ceux qui se couchent devant l’ennemi et ceux qui restent debout. M.Boris est de ceux qui restent debout. Je ne veux plus qu’un tel incident se reproduise"."
Quelques jours plus tard, le Général demande au professeur de droit René Cassin qui l’a rejoint, de négocier avec les Britanniques le statut juridique de la France Libre en gestation. Cassin, grande figure du judaîsme français, restera, comme Boris fidèle à de Gaulle durant toute la guerre avant de devenir en 1948, le principal auteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Ces deux exemples montrent bien que très tôt des Juifs se sont joints à de Gaulle. Ils seront vite suivis par de nombreux autre, au point de compter pour 4,4% dans les effectifs militaires de la France Libre alors qu’ils pèsent moins de 1% dans la population française. Leur vie ne sera pas facile, car les premiers ralliés à la France Libre sont pour beaucoup des militaires aristocrates marqués par l’antisémitisme de l’Action Française (de Hautecloque, futur général Leclerc, de Larminat) ou d’anciens de la Cagoule, qui voulaient renverser la République par la force et qui, tout en étant patriotes, étaient marqués par des idées fascistes. De Gaulle se plaindra du reste, de n’être entouré, en 1940, que de cagoulards et de Juifs… Les soldats français Juifs se distingueront notamment à la bataille de Bir-Hakeim où, sous les ordres du général Koenig ils ralentiront la progression de Rommel en Egypte en mai-juin 1942, ou bien dans l’aviation, avec des recrues telles que Pierre Mendès-France ou Marcel Bleustein-Blanchet, le fondateur de Publicis.
Ainsi, dès les tous débuts de la France Libre, de nombreux Français juifs ont su répondre présents "pour que la flamme de la Résistance française" ne s’éteigne pas.
Par Gérard Unger, vice-président du Crif