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Publié le 26 Février 2019

Interview Crif - Rencontre avec Madame l'Ambassadeur de Grèce, Aglaia Balta

Il y a quelques semaines, Madame Aglaia Balta, Ambassadeur de Grèce en France, a été reçue par la Commission des Relations Internationales. Cette rencontre a notamment été l'occasion de préciser la volonté de la Grèce de restaurer la mémoire de l'histoire juive hellénique. A la suite de son intervention, nous nous sommes entretenus avec elle.

Le Crif - L'histoire juive grecque est riche. Pensez-vous qu'une place suffisante lui est accordée dans le récit national grec ?

Aglaia Balta - L'histoire grecque comporte un grand combat incessant pour la liberté,  pour la survie, pour l’égalité.  Les Juifs de Grèce ont, depuis des siècles, largement contribué à ce patrimoine commun et font partie intégrante de l’histoire et de la société de notre pays.

En Grèce d'aujourd'hui plusieurs acteurs se sont associés pour retracer l’histoire des Juifs grecs. Il s'agit d'un processus exigeant puisqu'il évoque la douleur humaine dans sa forme la plus cruelle, un réveil de la mémoire qui prend forme peu à peu.

Depuis des décennies, la mémoire de l’Holocauste s’inscrit de plus en plus non seulement dans le récit national, mais également dans l’esprit des citoyens de la République Hellénique. Les dernières années, la Grèce a démontré sa fermeté de lutter contre la méconnaissance de la Shoah. Une série d'initiatives publiques et privées, ainsi que dans le cadre de l’approfondissement de la politique gréco-israélienne, a lieu : les campagnes de sensibilisation, les prises de positions publiques d’intellectuels, l’organisation des manifestations pour commémorer le jour de la mémoire de la Shoah, font preuve de la résolution de l’État grec de restituer la mémoire de nos compatriotes juifs.  

Concernant justement la mémoire de la Shoah et sa transmission, quelles sont les différentes choses mises en place par le Gouvernement et les autorités, et notamment dans les écoles ?

Je me réfère notamment aux principaux événements, actions et manifestations qui se sont déroulées en Grèce tout au long de l’année 2018 pour la protection de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme.

La Grèce, membre permanant de l'International Holocauste Remembrance Alliance (IHRA) depuis 2005, assurera la présidence annuelle de l’ IHRA en 2021, en organisant deux sommets qui se tiendront à Athènes et à Thessalonique. Son objectif principal est l’intégration de nouveaux états-membres à l’Alliance, ainsi que le renforcement de l’ouverture de l’organisation à la société civile, visant à la mobilisation de soutien supplémentaire pour atteindre ses objectifs.

Le 30 janvier 2018, lors d’une cérémonie à Thessalonique, le Président d’Israël, Reuven Rivlin et le Premier ministre de Grèce, Alexis Tsipras ont posé la première pierre pour la construction du Musée de l’Holocauste de Grèce.

Le Musée Juif de Grèce a déjà organisé et réalisé, sous l’égide du Ministère de l’Éducation, de la Recherche et des Cultes, 22 séminaires pour des instituteurs et des professeurs du primaire et du secondaire sur le thème "Enseigner l’Holocauste en Grèce". Des enseignants et des élèves y ont participé avec des présentations, des exposés, des expositions de peinture et d’artisanat, des poèmes, des pièces de théâtre, des concerts, des vidéos et des photographies inspirées du parcours historique et de la tragédie des Juifs grecs (histoire de la Communauté Israélite de Grèce, Holocauste, cultes religieux, fêtes juives, racisme, antisémitisme, etc).

Le nouveau programme éducatif se concentre sur le maintien de la mémoire historique des persécutions et des massacres des Juifs et Chrétiens Grecs durant l’Occupation Nazie et sur la responsabilité d’intégrer cette expérience traumatisante dans l’éducation scolaire.

Un Monument pour l’Holocauste a été dévoilé, à Trikala (Grèce Centrale), lors de cérémonies en mémoire de l’Holocauste organisées par l'International Holocauste Remembrance Alliance, en novembre 2018. La Bibliothèque Nationale a également rendu un hommage à l’Holocauste du 20 au 30 janvier 2018 intitulé «L’Holocauste du Judaïsme Grec et Européen». Un concours de production de court-métrage vidéo destiné aux élèves est organisé sur le thème «L’Holocauste et les Juifs Grecs» au cours de l’année scolaire 2018-2019.

Un certain nombre de monuments commémoratifs juifs ont été dégradés ces derniers mois en Grèce. Il y a quelques semaines, le Président israélien Reuven Rivlin a dénoncé ces actes de vandalisme et a souligné le silence des institutions du pays. Le Gouvernement prend-il au sérieux ces menaces pour la sécurité et le bien-être des Juifs de Grèce ?

Malgré les efforts entrepris afin d’éradiquer l’antisémitisme, il existe toujours, dans nos sociétés occidentales, des personnes membres de groupes marginaux qui mènent des actions antisémites. En Grèce, de telles personnes sont rares. Néanmoins, on observe parfois des incidents bien regrettables comme celui de la désacralisation du Monument de l’Holocauste à Thessalonique, en Décembre 2018.

Outre cela, la profanation du Monument de l’Holocauste est un acte de vandalisme barbare portant profondément atteinte à l’histoire, non seulement de la communauté juive, mais de toute la nation grecque, qui respecte et honore la mémoire des dizaines de milliers de Juifs grecs tragiquement assassinés dans les camps de concentration. Ce manque de respect envers les morts est un acte inhumain et inacceptable qui conteste le plus grand crime dans l’histoire de l’humanité, la Shoah.

Devant ces actes de vandalisme qui violent le droit sacré de la liberté du culte, les autorités helléniques ont toujours démontré une grande sensibilité et ont condamné ardemment les auteurs. Au lendemain de la profanation du Monument de l'Holocauste, les autorités de la ville de Thessalonique et les partis politiques ont dénoncé, dans leur ensemble, avec la plus grande fermeté cet acte profane.

Pour cette désacralisation du Monument de l'Holocauste, le Procureur général a, d’autre part, procédé à une intervention immédiate initiant une enquête pour l'arrestation des acteurs, qui a été conduite par le Service contre la Violence raciste de la Police Nationale hellénique.

Propos recueillis par Marie-Sarah Seeberger

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Madame l'Ambassadeur Aglaia Balta entourée de Francis Kalifat, Président du Crif, et des membres de la Commission des Relations Internationales

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