Ce succès, c'est un travail d'équipe avec des intervenants pros et volontaires qui forment la cellule digitale du CRIF et avec des relais précieux sur Facebook et Twitter.
A peine l'événement Tel Aviv sur Seine a été rendu public que les antis de tous bords ont décidé de s'en mêler. Qu'ils soient officiels ou anonymes, nombreux sont ceux qui ont trouvé à redire (minimum) ou appelé à la violence (un nombre significatif de cas). Une semaine avant l'événement, le hashtag #Contre TelAvivSurSeine arrivait en tête, et les pages facebook "anti" se multipliaient. Sur les réseaux, certains appelaient à #AuschwitzSurSeine (Godwin n'est jamais loin avec ces gens), #ApartheidSurSeine... et en face, de notre côté, rien, ou en tous cas pas grand chose.
Quelques jours avant l'événement, suite à la lecture de nombreux posts intolérables, nous avons décidé de créer une page de soutien à Tel Aviv Sur Seine. Il fallait répondre à toute cette haine en dépolitisant l'événement, en le ramenant sur un côté festif. Des militants "anti" souhaitent faire d'un événement culturel un événement politique ? Montrons leur Tel Aviv, celui qu'ils ne soupçonnent pas. Au moyen de la page, nous voulions aussi créer une communauté virtuelle pour d'un côté mettre les gens dans l'ambiance de la fête, et de l 'autre communiquer avec tous ceux qui sans être présents physiquement à Paris Plage souhaitaient soutenir l'événement. Après des discussions aussi bien avec l'équipe digitale qu'avec des professionnels de la communication et du tourisme (que l'on ne remerciera jamais assez), la page a vu le jour.
J-4 : lancement de la page Non, on ne parlera pas d'antisémitisme. Non, on ne diffusera pas les captures d'écran qui appellent à la haine et la violence. Non, on ne fera pas de parrallèle avec les manifestations pour Gaza de l'été dernier. On ne taclera même pas le BDS. Suivant les conseils d'un expert, la page se focalise uniquement sur le positif. Dépolitise l'événement. Nos ennemis veulent à tout prix remettre sur le terrain le conflit israélo palestinien ? Nous répondrons avec des photos de pastèque, plage, et matkots. Comme tout bon community manager qui se respecte, on prend les paris sur le nombre de "likes". On espère 500 à la fin de journée. Ils sont atteints dans l'heure. On espère 2/3.000 pour l'événement. Ils sont atteints dans l'après midi. La page cartonne et commence à faire du bruit. Personnalités, militants, groupes, juifs, non juifs... cette page est partagée des centaines de fois et commence à faire du bruit. On ressent de la part des internautes une envie de "propager la bonne parole" et de communiquer de façon positive sur cet événement, tout en restant au dessus de la mêlée des diverses attaques que nous subissons.
J-3 : nettoyage Il fallait s'y attendre; c'est encore plus fort que prévu. La page est attaquée par des "trolls", personnages bien connus des community managers, qui viennent déverser leur haine et insulter les participants à l'événement. C'est par dizaines qu'ils postent photos de corps ensanglantés et mutilés, insultes, et "pensée toute faite" dieudonisthitlériosoralienne. Pas le temps de répondre, pas envie. Les utilisateurs sont bannis un à un. Il n'y a heureusement pas qu'eux : des lecteurs de la page, juifs comme non juifs, se mettent à faire la fête, partager des photos, de la musique. On répond à tout le monde. On partage. On explique. Et il commence à se créer un esprit de fête sur la page. Rassurant.
J-2 : on y va / on n'y va pas ? La polémique enfle dans les médias qui montent en épingle ce qui ne devait être qu'une journée d'échanges culturels. Tout ça pour ça ? Certains lecteurs commencent à nous demander si nous leur conseillons d'aller ou pas sur place. Des rumeurs font état d'une annulation probable. Anne Hidalgo persiste et signe : l'événement aura bien lieu, la sécurité sera renforcée, tout ira bien ! Un nouveau hashtag, #ParisLovesTLV est lancé. Le compteur de la page ne cesse d'augmenter, on dépasse les 8000 fans.
J-1 : tic tac tic tac Photos de plage, photos de yaffo, photos de vivre ensemble... Au rythme soutenu de 2 à 3 posts par heure, nous atteignons les 10 000 fans à 22h22. Nous le prenons pour un bon signe. Les journalistes commencent à nous appeler. Sur les réseaux, des opposants appellent à "balancer du ketchup" pour mimer le "sang des palestiniens". Rires nerveux en les imaginant se tromper et acheter de la mayo. Dernière crainte : la météo. Elle s'annonce pluvieuse. Mais puisqu'à Tel Aviv, la pluie est toujours un bonne nouvelle, on décide de croiser les doigts et d'attendre. Ce soir là, Amir Haddad donne un concert à Tel Aviv et a quelques mots pour l'événement du lendemain. Les lecteurs qui n'en loupent pas une enregistrent et nous envoient la vidéo. Rideau...
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