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Publié le 21 Novembre 2013

Genève, ville des Lumières révolutionnaires

Par Frédéric Kwintne

 

Grâce à Jean Plançon et son remarquable ouvrage en deux volumes intitulé « Histoire de la Communauté Juive de Carouge et de Genève », paru aux éditions Slatkine, nous avons redécouvert un fait étonnant, presque « oublié » : l’université de Genève fut, dès sa création en 1874 et ce jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, un véritable pôle d’attraction pour les étudiants juifs dit « orientaux », originaires de l’Empire russe. Ceux-ci vont d’ailleurs fortement contribuer, avec d’autres coreligionnaires, à l’essor et au rayonnement international de l’institution genevoise. Un corollaire à cela, le quartier universitaire devient une véritable plaque tournante de la contestation politique et du militantisme juif le plus divers : sionistes regroupés autour de Haïm Weizmann, socialistes du Bund et anarchistes vont s’y côtoyer et confronter leurs visions du monde souvent opposées.

L’université de Genève fut, dès sa création en 1874 et ce jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, un véritable pôle d’attraction pour les étudiants juifs

Dans la foulée de la vague libérale qui modernise le canton et la ville de Genève, les autorités cantonales comprennent l’importance d’assurer une éducation de qualité et moderne à la société genevoise. L’Académie fondée par Calvin en 1559 se transforme en université grâce à la naissance de la Faculté de médecine en 1874. Parce que l’institution genevoise aspire à une reconnaissance internationale, elle tente d’attirer les étudiants étrangers. Contre toute attente, ce sont ceux originaires des contrées de l’Empire tsariste qui répondent le plus favorablement à l’appel sans avoir été sollicités. On les appelle les « Orientaux » : il s’agit des Russes (Ukrainiens, Biélorusses et pays baltes inclus), Polonais, Géorgiens, Arméniens, mais aussi d’étudiants slaves provenant des Balkans ou de Turquie. La proportion de ces étudiants « orientaux » au sein de l’Université ne cesse de croître au fil des années pour atteindre des sommets après 1900. En effet, en 1885-86, ils constituent 14 % sur un total de 340 étudiants. Cette proportion grimpe à 35 % en 1900-01 (sur un total de 819 étudiants) pour culminer à 61 % (sur un total de 1438 étudiants) en 1910. Au tournant du siècle, les sujets de l’Empire tsariste représentent désormais la majorité des étudiants étrangers au sein de l’Université. Il est aussi intéressant de constater que 80 % de cette population estudiantine « orientale » est de confession juive… Lire la suite.

 

Source: http://larchemag.fr/2013/11/20/890/geneve-ville-des-lumieres-revolutionnaires/

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