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Au fil de la lecture, de petits détails comme des propositions plus importantes mettent en évidence le côté pro-arabe de cette étude. Détail : le mot « juif » est toujours écrit avec une minuscule alors qu'on nous parle d'Arabes et de Palestiniens. Sur l'origine des Palestiniens, l'auteur remonte aux Cananéens et aux Philistins. Yasser Arafat aimait, en son temps, évoquer les Jébuséens. C'est oublier que la population palestinienne est souvent de souche récente : des immigrants venus du monde arabo-musulman avaient rejoint la région à la suite de l'appel du pouvoir ottoman qui voulait contrebalancer l'arrivée de populations juives d'Europe. Concernant les réfugiés palestiniens, le rôle néfaste du mufti de Jérusalem, Hadj Amine El Husseïni, allié d’Hitler, dans cet exode, est occulté.
Sur l'avenir de Jérusalem, l'auteur a une opinion tranchée : « La situation est encore plus explosive à Jérusalem. Si la Ville sainte n'est pas reconnue comme capitale des deux États, il n'y aura pas de paix ». La clôture de sécurité est présentée comme un « mur de la honte » ou un « mur de l'apartheid » sans qu'il soit mentionné que ce dispositif a permis de faire baisser les attentats terroristes de manière significative.
Dans l'une des fiches pédagogiques de vocabulaire, l'auteur se propose de définir pour ses jeunes lecteurs les mots « Résistance » (sous entendu palestinienne) et « Terrorisme » (palestinien, bien entendu). Voilà ce que cela donne : Résistance : « Action de s'opposer à une attaque ou à une occupation par les moyens de la guerre. On parle de résistance armée comme celle de certains Français contre l'occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale ». Terrorisme : Emploi de la violence pour atteindre un but politique (attentats, destructions, prises d'otages). Les Allemands appelaient « terroristes » les résistants français durant la Seconde Guerre mondiale. Comment empêcher, avec de telles comparaisons, des assimilations pour le moins fâcheuses dans l'esprit des jeunes gens visés par ce discours.
Enfin, concernant l'opération « Rempart » de mars 2002, l'auteur prend à son compte la thèse selon laquelle « L'opération fait 1447 morts, dont 497 dans le seul camp de réfugiés de Jénine ». Un rapport des Nations unies, qui fait autorité, fait état, on le sait, de 52 morts.
Sans oublier que l'auteur dédie son livre « tout particulièrement à Ouzi Dekel, militant des mouvements de solidarité avec le peuple palestinien, auteur en 2001 des Tagueurs de Jabalya ».
On l'aura compris, pour les amis d'Israël et les tenants d'une paix juste et durable au Proche-Orient, ce petit livre manque d'objectivité.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Actes Sud Juniors. Illustrations d'Arno. Janvier 2013. 144 pages. 14 euros.