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Les Chevaux de Dieu
En 2003 à Casablanca, plusieurs attentats kamikazes dans le centre-ville firent 41 morts et de nombreux blessés. À la stupéfaction de l’opinion publique, l’enquête révéla que les auteurs étaient des jeunes issus des bidonvilles… Le réalisateur Nabil Ayouch a voulu s’inspirer librement de cet évènement tragique pour se poser une question cruciale : comment devient-on terroriste religieux, "cheval de Dieu" ?
Son film démarre dans les années 90 dans les bidonvilles de Casablanca. Deux frères, Yassine et Hamid, tentent de se débrouiller vaille que vaille pour survivre dans un environnement pauvre et une cellule familiale défaillante. Le temps passe ; Hamid, l’aîné, sombre dans la petite délinquance et aboutit en prison, Yassine bricole dans un garage. Lorsque Hamid est libéré, son frère cadet le reconnaît à peine : il semble désormais habité par une grande paix intérieure… En réalité, Hamid a été endoctriné par des islamistes radicaux, qui vont l’entraîner à commettre l’irréparable.
Choisir de parler du terrorisme par le biais de la chronique familiale est un angle intéressant. Mais pas sans risque : pour faire exister tous les différents protagonistes qui gravitent autour de Yassine et Hamid, Nabil Ayouch prend beaucoup de temps ; sa mise en place est un peu laborieuse. Et lorsque le film prend enfin son sujet à bras-le-corps, le basculement dans la violence apparaît en fin de compte assez abrupt. On se prend à regretter qu’un "script doctor" ne soit pas venu "resserrer les boulons" du scénario pour rendre "Les Chevaux de Dieu" plus dense et plus prenant. Reste néanmoins un film sincère et interpellant.
Passion
Les derniers films de Brian De Palma ont été des échecs à Hollywood : ni "Le Dahlia noir" d’après Ellroy, ni "Redacted" sur la guerre en Irak n’ont trouvé grâce auprès de la critique et du public américain. Alors, à 72 ans, le cinéaste a trouvé refuge en Europe et tente de renouer avec un genre dont il était le maître dans les années 70, le thriller érotique. Le producteur franco-tunisien Saïd Ben Saïd, producteur de "Crime d’amour", le dernier film d’Alain Corneau, lui a proposé d’en réaliser un remake anglo-saxon.
"Crime d’amour" racontait une rivalité entre une femme d’affaires ( Kristin Scott-Thomas ) et son assistante ( Ludivine Sagnier). De Palma a rajeuni le rôle de la première, tenu cette fois par Rachel McAdams, et choisi Noomi Rapace ( "Millenium") pour le second. Il a repris la trame de Corneau, en y ajoutant une pincée de relation lesbienne… Hélas, rien ne fonctionne dans "Passion" : les éclairages ridicules (avec des persiennes comme dans l’affiche célèbre d’ "American gigolo") évoquent les pires clips vidéo des années 80, le montage abuse sans raison du "split screen", l’érotisme suranné de l’ensemble est pitoyable… On en sort presque gêné pour De Palma, qui fut un représentant brillant du "Nouvel Hollywood" dans les années 70 avec des thrillers comme "Carrie" et "Pulsions", et qui semble avoir aujourd’hui totalement perdu la main. Triste et pathétique.
À good day to die hard
Dans un Hollywood qui digère toujours difficilement la crise des “subprimes”, certaines “franchises” (séries à succès) ont la vie dure. Vingt-cinq ans après le premier "Die Hard", Bruce Willis reprend du service dans le rôle de John McLane, flic aussi têtu que téméraire. Cette fois, John fonce tête baissée à Moscou pour voler à la rescousse de son fils qu’il croit en danger. En réalité, son fils est un agent de la CIA chargé d’exfiltrer un ingénieur pourchassé par la Mafia russe acoquinée avec un ministre véreux…
Pour masquer les faiblesses d’un scénario rudimentaire et truffé de clichés, le réalisateur John Moore a une recette : accumuler sans temps mort les scènes d’action les plus délirantes. La première demi-heure contient ainsi une poursuite de voitures sur le ring de Moscou particulièrement énorme… Bref, les fans de ce genre de blockbusters tonitruants seront aux anges ; les autres regretteront d’autres épisodes de " Die Hard " ( les numéros 1 et 3, par exemple), nettement plus subtils et inventifs. Quant à Bruce, il a annoncé, malgré ses 57 ans, son désir de poursuivre la série… Grand bien lui fasse !