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Publié le 31 janvier 2022 dans Le Figaro
Seize responsables d'une école talmudique de Bussières (Seine-et-Marne) ont été placés en garde à vue lundi 31 janvier, soupçonnés de maltraitances physique et psychologique envers la soixantaine d'élèves de l'établissement, principalement des mineurs américains et israéliens, a annoncé la procureure de Meaux.
«Cet établissement accueillerait de manière non déclarée de nombreux mineurs de nationalité américaine et israélienne ne parlant pas le français, dans des conditions abusives: enfermement, confiscation des documents d'identité, conditions de vie dégradées, actes de maltraitances, absence d'accès à l'éducation et aux soins, et sans possibilité de revenir dans leurs familles», détaille Laureline Peyrefitte dans un communiqué de presse.
Une enquête ouverte en juillet
Situé dans un domaine isolé du nord-est du département, l'établissement reclus accueille des adolescents, âgés de plus de 12 ans, ainsi que 22 jeunes majeurs. Implanté depuis une vingtaine d'années dans le département, l'établissement hors contrat n'est pas dans le circuit de l'Éducation nationale, a précisé la préfecture de Seine-et-Marne à l'AFP. Quelques alertes sur ce «milieu extrêmement fermé» étaient remontées via le recteur et la plainte d'un adolescent qui s'en était échappé a accéléré l'enquête, a indiqué la même source.
En juillet, un élève américain avait fugué et trouvé refuge à l'ambassade américaine à Paris. De novembre à décembre, d'autres adolescents se sont échappés. La Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait aussi émis un signalement. L'enquête a été ouverte en juillet des chefs de séquestration en bande organisée, violences aggravées, privation de soins et d'aliments, abus de faiblesse aggravé, précise Laureline Peyrefitte dans le communiqué.
Plusieurs mineurs en fugue auditionnés
«Les premiers éléments de l'enquête, notamment l'audition de mineurs en fugue ou d'anciens élèves de l'établissement, permettaient de confirmer ces suspicions de commission d'infractions», déclare la procureure. En juillet, la Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait émis un signalement. Le même mois, un élève américain s'était échappé et avait trouvé refuge à l'ambassade américaine à Paris. De novembre à décembre, d'autres adolescents se sauveront de l'établissement.
Sur la page Facebook de la Yeshiva Beth Yossef, l'établissement a publié une photo de classe datant de 2014 sur laquelle apparaissent des jeunes garçons en tenue traditionnelle juive, encadrés par les responsables et enseignants. Des vidéos de leurs vacances sont également disponibles sur le site internet de la Yeshiva. L'opération vise notamment à la mise en protection, l'audition et l'examen médical des mineurs, en lien avec l'aide sociale à l'enfance de la Seine-et-Marne. Le bâtiment logeant les mineurs fait également l'objet d'un arrêté de fermeture au public du fait de son état de délabrement, d'après la procureure.
Selon le site internet de l'école, l'institution Ohr Yossef, dont dépend la Yeshiva Beth Yossef, a été fondée en 1948 par le rabbin orthodoxe Gershon Liebman. «Aujourd'hui, la yeshiva est fière de son succès et regroupe plus d'une centaine d'étudiants, venant du monde entier (...) Les élèves y approfondissent assidûment leurs connaissances thoraiques afin de devenir eux-mêmes, des Maîtres de la Torah», est-il écrit sur le site.
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Déclaration du Grand rabbin de France Haïm Korsia
Avec la médiatisation des interpellations à l’école Beth Yossef de Bussières, vous avez été nombreux à vous enquérir de la situation des enfants et/ou à offrir vos services.
Si l’enquête doit suivre son cours, les premiers éléments laissent à penser que ces enfants vivaient dans des conditions inadmissibles, qui mettaient en danger leurs vies.
Soyez assurés que le Rabbinat œuvre pour venir en aide à ces enfants, par l’intermédiaire de l’Aumônier de la gendarmerie nationale, le Rabbin Moché Lewin, sur place depuis lundi matin, pour accompagner la continuité de la vie juive.
Il a acheminé un Sepher Torah ainsi que des sidourim au foyer où séjournent les enfants, a organisé la mise à disposition des repas casher et participé à la formation d’éducateurs spécialisés qui encadrent les enfants.
Avec l’aide des consulats, les familles de chaque enfant sont actuellement alertées une à une, dans le but de parvenir à un retour des mineurs dans leurs pays d’origine.
Nous espérons que chacun d’entre eux pourra très prochainement retrouver sa famille.