Blog du Crif - Affaire Sarah Halimi : Les derniers jours de mon pays ?

23 Avril 2021 | 482 vue(s)
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Actualité

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

L’Amitié judéo-chrétienne de France - dont plusieurs militants du Crif sont membres du Comité Directeur - a tenu dimanche 29 janvier son Conseil national, l’occasion pour nous de donner quelques nouvelles du front du dialogue.

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

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Retranscription de la chronique de Patrick Klugman, avocat et ancien Président de l'UEJF, pour RCJ

J’ai appris que la famille Halimi souhaitait poursuivre son combat judiciaire en Israël. La loi pénale israélienne s’est effectivement dotée d’une compétence pour connaître des crimes commis à l’étranger notamment lorsqu’ils ont eu pour effet de porter atteinte à la vie d’une personne de confession juive.

Je ressens cette annonce comme un  deuil supplémentaire.

Évidemment, je pense à Herzl qui fonde le projet de l’Etat juif en assistant comme journaliste à la dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour des invalides. Je pense aussi à cette belle phrase de Blum, en 1946, je crois, où il affirme soutenir la création d’une patrie pour les juifs qui n’auraient pas eu la chance comme lui de la trouver dans leur pays de naissance.

Je pense après Léon Blum que  les idéaux originels du sionisme et ceux de la République ne sont pas éloignés et même convergents. Voilà qu’une famille désespérée de n’avoir pu obtenir justice en France se tourne vers Israël pour connaître d’une affaire qui s’est déroulée en France et où toutes les parties sont françaises. 

Nous en serions là dans le  premier pays émancipateur des juifs en Europe ?

J’entends la désolation qui sous-tend cette démarche.. La justice a manqué dans cette affaire et c’est un crime dans le crime.

Mais, je ne peux souscrire à cette forme de justice qui n’en serait pas une : juger un homme par hypothèse absent de son procès (la France n’extrade pas ses nationaux) dans une langue qu’il ignore, dans un pays dans lequel il n’a commis aucune infraction. Une telle justice ne réparerait pas une injustice. Peut-être même l’aggraverait-elle. Et puis, quel apaisement pour la famille, quel éclaircissement nouveau sur l’affaire cela pourrait-il donner? On nous parle ici du respect  du droit international mais son premier principe -  non bis in idem – consiste pour une juridiction à respecter les décisions de justice rendues dans un autre pays.

Cependant, le meurtre impuni de Sarah Halimi est une tâche de plus. Une beance supplémentaire pour la France que je vois par ailleurs  y compris par sa justice, sombrer, sombrer de toute part. Au sens propre, j’ai l’impression de vivre éveillé les derniers jours de mon pays, du pays qui m’a nourri et dans lequel j’ai grandi. La France c’est pas rien. C’est pas un territoire, c’est un idéal.  Un pays plus grand que lui même. Qui s’est donné une déclaration des droits de l’homme en préambule de sa constitution. Un pays qui offre à chacun sa chance et à tous, l’éducation et la santé. Qu’en reste—t-il quand la justice n’est ni dite ni intelligible dans son silence ?

L’affaire Halimi en tant que telle est un naufrage judiciaire. Remise dans le contexte de la montée continue en nombre et en intensité de la violence contre les français juifs depuis 20 ans, elle est un naufrage tout court. Le crime est sordide et pour des raisons mille fois commentées, il restera sans le pansement fut-il symbolique, d’une réponse pénale, c’est à dire de sa prise en charge par la collectivité.

Je pense que l’affaire Halimi est un drame en France et demeurera un drame pour la France.

Patrick Klugman