Blog du Crif - Affaire Sarah Halimi : Les derniers jours de mon pays ?

23 Avril 2021 | 363 vue(s)
Catégorie(s) :
France

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

C’est l’histoire d’un mariage mixte raté. Un mariage entre une Juive et un Musulman, Julie et Sam. 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

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Actualité

Scoop : l’appel au boycott est illégal en France

 

Et vous, comment définiriez-vous l’humour juif ?

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Opinion

Depuis plusieurs années, le cinéma international ne cesse de plébisciter les cinéastes iraniens. Asghar Farhadi en est l’exemple même. Cependant, certains réalisateurs n’ont pas la chance d’être autant ovationnés.

Pour leur cinéma engagé, frontal et dénonciateur du pouvoir politique et du régime iranien, grand nombre de réalisateurs iraniens ont été, pour les plus chanceux, contraint à l’exil, tandis que d’autres en détention, subissent le triste sort réservé aux prisonniers iraniens.

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Retranscription de la chronique de Patrick Klugman, avocat et ancien Président de l'UEJF, pour RCJ

J’ai appris que la famille Halimi souhaitait poursuivre son combat judiciaire en Israël. La loi pénale israélienne s’est effectivement dotée d’une compétence pour connaître des crimes commis à l’étranger notamment lorsqu’ils ont eu pour effet de porter atteinte à la vie d’une personne de confession juive.

Je ressens cette annonce comme un  deuil supplémentaire.

Évidemment, je pense à Herzl qui fonde le projet de l’Etat juif en assistant comme journaliste à la dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour des invalides. Je pense aussi à cette belle phrase de Blum, en 1946, je crois, où il affirme soutenir la création d’une patrie pour les juifs qui n’auraient pas eu la chance comme lui de la trouver dans leur pays de naissance.

Je pense après Léon Blum que  les idéaux originels du sionisme et ceux de la République ne sont pas éloignés et même convergents. Voilà qu’une famille désespérée de n’avoir pu obtenir justice en France se tourne vers Israël pour connaître d’une affaire qui s’est déroulée en France et où toutes les parties sont françaises. 

Nous en serions là dans le  premier pays émancipateur des juifs en Europe ?

J’entends la désolation qui sous-tend cette démarche.. La justice a manqué dans cette affaire et c’est un crime dans le crime.

Mais, je ne peux souscrire à cette forme de justice qui n’en serait pas une : juger un homme par hypothèse absent de son procès (la France n’extrade pas ses nationaux) dans une langue qu’il ignore, dans un pays dans lequel il n’a commis aucune infraction. Une telle justice ne réparerait pas une injustice. Peut-être même l’aggraverait-elle. Et puis, quel apaisement pour la famille, quel éclaircissement nouveau sur l’affaire cela pourrait-il donner? On nous parle ici du respect  du droit international mais son premier principe -  non bis in idem – consiste pour une juridiction à respecter les décisions de justice rendues dans un autre pays.

Cependant, le meurtre impuni de Sarah Halimi est une tâche de plus. Une beance supplémentaire pour la France que je vois par ailleurs  y compris par sa justice, sombrer, sombrer de toute part. Au sens propre, j’ai l’impression de vivre éveillé les derniers jours de mon pays, du pays qui m’a nourri et dans lequel j’ai grandi. La France c’est pas rien. C’est pas un territoire, c’est un idéal.  Un pays plus grand que lui même. Qui s’est donné une déclaration des droits de l’homme en préambule de sa constitution. Un pays qui offre à chacun sa chance et à tous, l’éducation et la santé. Qu’en reste—t-il quand la justice n’est ni dite ni intelligible dans son silence ?

L’affaire Halimi en tant que telle est un naufrage judiciaire. Remise dans le contexte de la montée continue en nombre et en intensité de la violence contre les français juifs depuis 20 ans, elle est un naufrage tout court. Le crime est sordide et pour des raisons mille fois commentées, il restera sans le pansement fut-il symbolique, d’une réponse pénale, c’est à dire de sa prise en charge par la collectivité.

Je pense que l’affaire Halimi est un drame en France et demeurera un drame pour la France.

Patrick Klugman