Blog du Crif - "Monsieur Eric Zemmour, notre Panthéon n'est pas le même"

14 Octobre 2021 | 504 vue(s)
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Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Opinion

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Par Marc Knobel

 

Plutôt que d’écouter vos mélanges confus et honteux sur Pétain, je veux penser à nos héros de la résistance.

Monsieur Eric Zemmour, lorsque vous parlez de l’ex-Maréchal Philippe Pétain -qui a fait rentrer la France dans la voie honteuse de la collaboration, d’un Pétain qui couvrait de son silence la milice ainsi que les atrocités allemandes- vous feignez d’oublier qu’il a été frappé d’indignité nationale, condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort, peine commuée à la prison à perpétuité par le Général de Gaulle.

Vous n’auriez alors de cesse que de tenter d'absoudre Philippe Pétain de ses crimes imprescriptibles. Vous sortez alors la fable du sauvetage des Juifs Français. Selon vous, « 95% des juifs français » avaient été sauvés grâce à Pétain (ONPC, 4 octobre 2014.)

Et lorsqu’au tribunal, l’historien Laurent Joly vient rappeler l’évidence et vous fait magistralement la leçon d’histoire, à savoir que 24 000 juifs français ont été déportés -soit, près d’un tiers des 74.150 juifs déportés (16% de juifs français)- vous bottez en touche et vous feignez l’ignorance.    

« Ce n’est pas mon sujet, je ne l’ai pas étudié », « tout dépend si vous comptez les enfants des juifs étrangers », disiez-vous, (qui étaient français selon la loi de 1927). (Le Canard Enchaîné, 16 décembre 2020).

Plutôt que d’écouter vos mélanges étranges, je veux penser aux héros Juifs de la résistance. Celles et ceux qui ont voulu défendre l’honneur de la France.

 

Permettez-moi de rappeler la création du CRIF, en quelques mots.

Fin 1942 et au courant de l’année 1943, Jacques Helbronner, Président du Consistoire Central, Président de Section au Conseil d’Etat avait eu des contacts avec les dirigeants des organisations juives de diverses tendances, en vue de l’adoption d’un programme d’action commun. Après la dissolution du « Comité de Coordination des Œuvres Sociales » et la création, imposée par le Gouvernement collaborationniste de Vichy, de l’UGIF, l’idée était dans l’air de créer autre chose.

D’autant plus que l’Occupant nazi et les collaborateurs, lorsqu’ils pourchassaient les Juifs, ne faisaient aucune différence/aucune distinction entre Juifs Français et Juifs immigrés/étrangers. Dans ces conditions, il paraissait évident que, cimentée dans les combats de la Résistance, l’union se fit entre les Juifs, qu’elles que fussent leur origine et leurs tendances politiques.

Depuis le début de la guerre avait été créé auprès de la Fédération des Sociétés juives de France un Comité de Coordination de toutes les organisations juives non communistes. A la suite de négociations avec l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) de tendance communiste et de son adhésion à ce Comité de Coordination, ce dernier devint en juillet 1943, le Comité Général de Défense Juive (CGDJ).

Joseph Fisher, à l’époque membre du Comité Central de la Fédération des Sociétés Juives (FSJ) et Secrétaire général de l’Organisation Sioniste Unifiée, avait élaboré un projet de création de la représentation juive de France qu’il fit approuver par la Comité directeur de l’Organisation Sioniste et la FSJ.

Ce projet fut ensuite présenté au Consistoire Central. Le Consistoire propose alors des modifications importantes. De ces discussions et délibérations est finalement sortie la charte du CRIF, en tant qu’émanation de la résistance juive.

Certains membres fondateurs du Crif ont été déportés. D’autres ont été fusillés par la Gestapo.

Le Crif s’est réuni pour la première fois à Lyon, quelques jours après la libération de la ville, le 5 septembre 1944, sous la présidence de Léon Meiss. Les statuts du CRIF ont été déposés à la Préfecture de la Seine, le 11 octobre 1944, par son Secrétaire, Joseph Fischer, en même temps que l’on faisait connaître les noms des membres du bureau.

Dès la Libération, le Crif entreprend une œuvre importante (1944-1947) afin d’effacer la législation et les conséquences des spoliations organisées par les Nazis et Vichy.

Le Crif entreprend de faciliter aux spoliés la restitution de leurs biens et la sanction des administrateurs provisoires.

Le Crif entreprend de contrôler la distribution de meubles aux spoliés nécessiteux.

Le Crif participe à la constitution de l’Association des intellectuels spoliés.

Le Crif s’occupent des indemnités au titre des dommages de guerre, des biens en déshérence, des déclarations de décès, des Juifs apatrides, de pourvoir une assistance judiciaire aux immigrés clandestins qui étaient arrêtés.

Une Commission des déportés est créée par le Crif et peu de temps après la libération des camps, le Crif appelle à l’attention du gouvernement français sur la situation tragique des quelques 100 000 juifs restant encore dans les camps en Allemagne.

Enfin, l’œuvre des orphelins israélites de la Guerre, qui avait été créée au cours de la 1ère Guerre mondiale, est reconstituée.

...

Finalement, Monsieur Eric Zemmour, votre Panthéon est bien différent de celui du Crif. Le Panthéon du Crif est fait d’une histoire noble et généreuse, celle de l'amour de la France. Celle de l’œuvre de résistance juive à l’Occupant nazi et de la reconstruction de la communauté juive, après-guerre.