Jean-Pierre Allali
La question israélienne, par Bruno Tertrais (*)
Le titre de cet ouvrage peut paraître provocateur. L’auteur aurait pu tout aussi bien opter pour « La question palestinienne ». Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique et expert associé à l’Institut Montaigne, nous livre une analyse argumentée de la situation au Proche-Orient en tentant d’être le plus objectif et le plus impartial possible. Et, comme pour compenser une certaine sympathie pour Israël qui transparaît au fil des pages, il a choisi de mettre en exergue quelques paroles du poète palestinien Mahmoud Darwich. Sa monstration se base sur les aspects juridiques et historiques, politiques et militaires du sujet. Le nombre de questions posées auxquelles il tente de répondre est impressionnant. « Pourquoi l’un des plus petits États de la planète, de la taille de la Bretagne, suscite-t-il autant de passion ? », « Israël est-il un État exceptionnel ? », « Qu’est-ce qu’un État juif ? », « L’État de Palestine existe-t-il ? », De quoi l’antisionisme est-il le nom ? », « Deux poids, deux mesures ? », « Quel Israël en 2048 ? », « Qui a raison ? ». Bref, comme disait Claude Lanzmann ; « Pourquoi Israël ? ». Une chose est sûre : « Le pays est d’une richesse exceptionnelle-spirituelle-archéologique-historique-géographique-politique-culturelle ». Dès lors, la jalousie de ses ennemis, de ceux qui vilipendent le sionisme, n’a pas de bornes et leur arme principale est l’inversion accusatoire. On accuse Israël de tous les maux ; génocide, apartheid, colonialisme, occupation, nettoyage ethnique… Bruno Tertrais le dit haut et fort : le sionisme a été un mouvement d’émancipation nationale qui représente le parfait inverse du colonialisme traditionnel. Et à ceux qui agitent l’argument spécieux des terres volées et d’un État usurpé, il rappelle que les Juifs se sont installés là où la terre n’était pas attribuée, ou ont racheté des terres à des propriétaires arabes. L’État d’Israël, qui n’a pas été créé par l’Organisation des Nations Unies (ONU), comme certains se plaisent à le dire, mais qui a été reconnu par elle, s’il a, par la suite, conquis des territoires, ce fut à la suite d’agressions par les pays voisins. Quant à l’État de Palestine, il est loin de satisfaire aux critères de la Convention de Montevideo (1933). Et pour ce qui est des Palestiniens, une grande partie d’entre eux vient d’Arménie, de Bosnie, de Grèce, de Géorgie ou encore de Turquie. Sans oublier les Druzes, les Samaritains et les Circassiens. Quant au statut invraisemblable des réfugiés, il est transmissible de génération en génération. Le pogrom du 7 octobre 2023 a profondément modifié la donne et éloigné la possibilité de voir émerger un État palestinien. Mais qui sait ? dit Bruno Tertrais, peut-être que, finalement, la Palestine sera le salut d’Israël. Très intéressant !
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions de l’Observatoire, janvier 2025, 176 pages, 20 €.
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